🏥 2019-2023 : le bilan 🏥
Billet d’humeur de la semaine de Christophe Prudhomme :
![Photo crédit Collectif Inter-Urgences.
Mobilisation de soignants devant un hôpital. Ils sont pour la plupart habillés en noir. Deux d'entre eux tiennent un fumigène, on distingue le logo du CIU sur leurs tshirts. On voit au sol plusieurs cadavres dans des housses mortuaires.](https://leprintempsducare.org/wp-content/uploads/2023/08/CIU28-1024x768.jpg)
« 2019-2023 : le bilan
En 2019, un mouvement avait mobilisĂ© les services d’urgences puis s’était Ă©tendu Ă tout l’hĂ´pital public. Les revendications portaient sur trois questions : des effectifs supplĂ©mentaires, des augmentations de salaires et l’arrĂŞt des fermetures de lits et de services. Les consĂ©quences des dysfonctionnements des services d’urgences avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© pointĂ©es par la communautĂ© mĂ©dicale sur la base d’études scientifiques validĂ©es, indiquant que le retard Ă l’hospitalisation des patients restant sur des brancards dans les services d’urgences pouvait ĂŞtre Ă l’origine d’une surmortalitĂ© de 10 % tous patients confondus et pouvait atteindre 30 % pour les patients nĂ©cessitant des soins intensifs. La gravitĂ© de la situation et la nĂ©cessitĂ© de corrections urgentes Ă©tait donc connue et nous n’avions pas besoin d’études rĂ©alisĂ©es par des cabinets d’audit, tels McKinsey. Toute l’annĂ©e 2019, le gouvernement est restĂ© sourd aux demandes des hospitaliers soutenus très largement par la population. Puis la crise COVID est arrivĂ©e et a mis en Ă©vidence de manière brutale la situation de tension du système hospitalier, manquant de matĂ©riel, de mĂ©dicaments et surtout de lits. Le personnel s’est mobilisĂ© sans grand soutien des autoritĂ©s qui n’avaient Ă leur offrir que des « remerciements ». Dès la fin de la pĂ©riode COVID, hormis les quelques mesures du fameux SĂ©gur de la santĂ© ne permettant mĂŞme pas de rattraper les pertes de rĂ©munĂ©ration liĂ©es au blocage des salaires depuis 2010, la mĂŞme politique de restrictions budgĂ©taires s’est remise en place. En ce qui concerne les effectifs, la situation s’est aggravĂ©e avec la catastrophe de Parcoursup pour les Ă©coles professionnelles de santĂ©, se traduisant par une explosion du taux d’abandon et d’échec, notamment dans la filière infirmière. Face Ă la dĂ©gradation des conditions de travail et l’absence d’espoir d’une amĂ©lioration, les dĂ©missions et les abandons du mĂ©tier se sont accĂ©lĂ©rĂ©s avec un constat catastrophique : 200 000 infirmier·e·s en âge de travailler ont abandonnĂ© le mĂ©tier. En ce qui concerne les rĂ©munĂ©rations, nous ne pouvons que constater que l’utilitĂ© sociale des mĂ©tiers essentiels du monde la santĂ© n’est pas prise en compte avec des salaires très en-dessous de la moyenne de ce qui existe pour d’autres professions Ă mĂŞme niveau d’études et sans la pĂ©nibilitĂ© liĂ©e aux horaires dĂ©calĂ©s, ainsi qu’au travail de nuit, les week-ends et les jours fĂ©riĂ©s. Enfin, en ce qui concerne les lits, d’annĂ©e en annĂ©e nous constatons la poursuite des fermetures avec un bilan pour E. Macron qui se monte maintenant Ă plus de 20 000 lits supprimĂ©s. Le bilan aujourd’hui est sans appel : alors que ces dernières annĂ©es, les difficultĂ©s, notamment dans les services d’urgences, ne concernaient que quelques hĂ´pitaux, cette annĂ©e c’est la quasi-totalitĂ© d’entre eux qui est en situation de rupture. Les consĂ©quences sont Ă©galement connues, ce sont ce que les mĂ©decins appellent des morts Ă©vitables. Les responsables sont identifiĂ©s : E. Macron et ses diffĂ©rents ministres de la SantĂ©.Â
Dr Christophe Prudhomme »
NDLR : La fin de la pĂ©riode Covid Ă©voquĂ©e par Christophe Prudhomme concerne probablement la pĂ©riode initiale avec les confinements. On prĂ©fère prĂ©ciser pour ne pas laisser d’ambiguĂŻtĂ© sur le fait que le virus, mĂŞme s’il tue beaucoup moins, est toujours lĂ , hĂ©las, et a des consĂ©quences sur la santĂ©, notamment en termes de Covid-longs.
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