5ème rapport de l’Observatoire des expulsions collectives de lieux de vie informels – Focus sur les enfants
L’Observatoire des expulsions des lieux de vie informels, composé de plusieurs associations *, recense les expulsions collectives en France.
Entre le 1er novembre 2022 et le 31 octobre 2023, 1 111 expulsions collectives ont été comptabilisées dont 729 sur le littoral nord, ce nombre reste sous-estimé. Chaque lieu de vie compte en moyenne 130 personnes.
Les droits fondamentaux des personnes sont bafoués, en plus des violences dans lesquelles se déroulent ces expulsions, dans 85% des cas aucune solution d’hébergement ou de relogement n’est proposée.
Ce 5ème rapport pointe les impacts des expulsions sur les enfants :
« Un enfant vivant dans un lieu de vie informel reste un enfant sans domicile dont on coupe les perspectives d’un avenir sécurisé, du point de vue de sa santé physique et mentale, de sa scolarité et de son intégrité ».
🚼 La précarité, en particulier l’absence de logement, est un facteur de risque lors de la grossesse : une corrélation significative est établie entre le sans-abrisme, le moindre suivi de grossesse, la mortalité infantile, l’accouchement prématuré, le retard de croissance intra-utérin et le faible poids de naissance. Plus d’un tiers des femmes rencontrées par Médecins Du Monde en 2022 avaient un retard de suivi de grossesse, comme la quasi totalité des femmes suivies par Comede en Ile-de-France, contre 5% en population générale.
⛑ Les expulsions accroissent les risques de ruptures de soins, ce qui peut avoir des conséquences sur toute la vie et sur le développement de l’enfant, et rendent difficile la mise en oeuvre de mesures de prévention.
L’instabilité et l’insécurité résidentielle entrainent errance, manque d’accès à la nourriture, exposition aux maladies, fatigue, troubles du sommeil, tensions entre parents et enfants, pertes de repères et peuvent contribuer au développement de troubles de santé mentale.
😨 Les politiques harcelantes de lutte contre les points de fixation plongent les mineurs dans des systèmes de survie, leur imposant de se préparer sans cesse à une expulsion, de choisir entre différents besoins primaires. Cette absence de répit psychique les rend indisponibles pour tout ce qui sort de la survie ici et maintenant et entraine des troubles psychiques réactionnels à la précarité.
Le rapport émet plusieurs recommandations : un diagnostic social adapté prenant en compte l’intérêt supérieur de l’enfant, l’amélioration des conditions de vie sur les lieux de vie, le développement les maraudes d’information, d’identification et d’orientation, la facilitation du suivi en santé de tous les enfants, le développement de la médiation en santé et l’aller-vers, la facilitation de l’inscription scolaire et le développement de la médiation scolaire, la suspension des expulsions pendant l’année scolaire.
* Associations composant l’Observatoire des expulsions : la Fondation Abbé Pierre, Médecins Du Monde, la Ligue des Droits de l’Homme, Collectif national des droits de l’homme Romeurope, la Plateforme des Soutiens aux Migrant·es, Human Rights Observers, la Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les Gens du Voyage (FNASAT) et l’Association Nationale des Gens du Voyage Citoyens (ANGVC).