❤Protégeons l’accès aux soins psychiques❤
La Cour des comptes préconise le remboursement des consultations auprès des psychologues. Ça paraît être une bonne nouvelle de prime abord : enfin permettre un accès aux soins psychiques plus égalitaire…
Sauf que voilà… Derrière cette annonce apparaît un premier problème : la mise sous tutelle médicale. Le médecin traitant n’orienterait plus comme jusqu’à présent, il prescrirait ces consultations. Cela va à l’encontre du principe de libre accès aux psychologues pour les patient.es. Cela contrevient aussi au statut des psychologues qui sont praticiens-chercheurs en sciences humaines et non pas paramédicaux. Double mise sous tutelle, donc.
Pire, cette prescription serait limitée dans le temps (forfait), alors que travailler sur la souffrance psychique nécessite du temps et qu’il appartient aux psychologues, avec leurs patient.es, de déterminer la durée du suivi psychothérapeutique et les outils utilisés. On sent déjà venir le prochain glissement encore plus restrictif sur les approches autorisées …
Dans cette configuration, les psychologues se trouvent donc réduit.es à être des auxiliaires paramédicaux, chargé.es de rapidement rééduquer les patient.es. Exit donc toute la spécificité du travail de soins psychiques pour lequel les psychologues se forment longuement (Bac + 5) à l’université et tout au long de leur vie professionnelle comme le leur impose leur code de déontologie.
Autre problème, les tarifs de ces consultations, arbitrairement réduits de 40 à 60% par rapport aux honoraires pratiqués habituellement et avec interdiction de dépassement d’honoraires. Au tarif envisagé, une fois tout déduit (car en libéral il faut s’auto-financer ses cotisations – 25 à 50% selon le statut -, ses charges locatives, ses assurances professionnelles, sa formation continue, ses congés), si le psychologue arrive à se dégager une rémunération à hauteur de 10,50 euros de l’heure, c’est le maximum, sans compter les 5 à 10% que représentent les annulations de rdv. La précarité en marche … Ce manque à gagner imposerait aux psychologues une cadence folle pour juste espérer vivre de leur exercice professionnel. On connaissait les fermes-usines, voici donc venu le temps des cabinets-usines ? Quelle qualité de travail pour les professionnel.les dans ce contexte et surtout quels effets sur la qualité des prises en charge pour les patient.es ? Problème éthique…
Les psychologues manquent dans les CMP parce que les gouvernements successifs ont fait des choix politiques. Pour eux, la santé, notre santé, physique, psychique, n’est pas une priorité. Rembourser les consultations de psychologues libéraux s’inscrit dans la continuité du démantèlement du service public hospitalier. Au lieu d’étoffer les effectifs dans les hôpitaux, de mettre les moyens, ils privatisent le soin en le nivelant par le bas. Et ce ne sont pas les numéros verts créés à la va-vite face à chaque problème de société émergeant, ni les 3 séances pour les étudiant.es en détresse ou le projet des 4 séances prises en charge par les mutuelles et assurances complémentaires qui vont suffire à répondre aux souffrances de nombreuses personnes que le système capitaliste abandonne sur le bord du chemin, détruit.
Suite à la parution de l’avis de la Cour des comptes, un collectif de psychologues clinicien.nes et psychothérapeutes s’est constitué pour contester ces préconisations inacceptables pour la profession et rédiger un manifeste en ce sens. Nous relayons leur pétition :
https://www.change.org/p/emmanuel-macron-protégeons-l-accès-aux-soins-psychiques?
Il est plus que temps de sortir le soin de ces logiques marchandes, comptables qui détruisent sans cesse l’humain ! Ensemble, créons une autre société, plus juste et égalitaire, fondée sur le soin et la solidarité. Care et révolution !
Mais au fait, pourquoi vouloir rembourser les consultations de psychologues en libéral ?
Parce que les délais dans les Centres Médico-Psychologiques (CMP), ces structures qui dépendent des hôpitaux publics et proposent des prises en charge par des équipes pluri-disciplinaires (avec médecins, infirmier.es, éducateur.rices, orthophonistes, psychométricien.nes) sont trop longs. En effet, les psychologues y sont peu nombreux.ses et surchargé.es. Certain.es psychologues dans les services de soins généraux (maternité, pédiatrie, urgences, soins palliatifs, etc.) ou dans des structures partenaires publiques ou privées sont donc amené.es à pallier les carences des CMP. Les personnes qui peuvent se le permettre financièrement se tournent vers les psychologues installé.es en libéral.
Mais pourquoi y a-t-il si peu de psychologues dans les CMP ? Non pas parce qu’ils coûtent cher (début de carrière à 1400€ nets, aucune revalorisation salariale depuis des années, notamment lors du Ségur-imposture), d’autant que plus de la moitié des psychologues hospitaliers sont contractuel.les, précaires donc (avec une évolution de carrière incertaine).
Les psychologues manquent dans les CMP parce que les gouvernements successifs ont fait des choix politiques. Pour eux, la santé, notre santé, physique, psychique, n’est pas une priorité. Rembourser les consultations de psychologues libéraux s’inscrit dans la continuité du démantèlement du service public hospitalier. Au lieu d’étoffer les effectifs dans les hôpitaux, de mettre les moyens, ils privatisent le soin en le nivelant par le bas. Et ce ne sont pas les numéros verts créés à la va-vite face à chaque problème de société émergeant, ni les 3 séances pour les étudiant.es en détresse ou le projet des 4 séances prises en charge par les mutuelles et assurances complémentaires qui vont suffire à répondre aux souffrances de nombreuses personnes que le système capitaliste abandonne sur le bord du chemin, détruit.
Suite à la parution de l’avis de la Cour des comptes, un collectif de psychologues clinicien.nes et psychothérapeutes s’est constitué pour contester ces préconisations inacceptables pour la profession et rédiger un manifeste en ce sens. Nous relayons leur pétition :
https://www.change.org/p/emmanuel-macron-protégeons-l-accès-aux-soins-psychiques?
Il est plus que temps de sortir le soin de ces logiques marchandes, comptables qui détruisent sans cesse l’humain ! Ensemble, créons une autre société, plus juste et égalitaire, fondée sur le soin et la solidarité. Care et révolution !