Autodéfense aérienne
Blanquer.e souhaite « la rentrée la plus normale possible » dans un contexte qui ne l’est pas. Alors que les débats se focalisent sur « l’éviction » des élèves non-vacciné·es au premier cas positif au covid tandis que les élèves vacciné·es ou immunisé·es auraient le privilège d’assister au cours « en vrai » – ce qui d’un point de vue épidémiologique est d’une infinie bêtise -, nous attirons votre attention sur un problème qui nous paraît crucial : celui de l’aération. Apparemment Blanquer a dû suivre les mêmes cours d’épidémiologie que son maître, ceux de l’Ecole du déni et de la pensée magique. Alors que les scientifiques clament depuis plus d’un an que la transmission est principalement aéroportée, Jean-Michel Apeuprès a-t-il pris le temps entre une course de char à voile et l’écriture d’un bouquin de se pencher sur la mise en place des solutions préconisées pour freiner la propagation du variant delta qui apparaît encore bien plus contagieux que ses prédécesseurs et ainsi protéger les élèves et enseignant·es ? Visiblement non. Pour cela, il eut fallu qu’il anticipe car prendre en charge quelque 500 000 classes selon notre estimation, plus les lieux de restauration, sport et dortoirs, ça ne s’improvise pas. Nous voilà donc encore une nouvelle fois au pied du mur, et sans échelle, parce que ce gouvernement gouverne à coups de trique et de com, mais surtout se moque bien de notre santé. Mais là, il s’agit de nos enfants, bordel. Nous vous proposons donc de voir ce que nous pourrions faire pour pallier les choix délétères de ce gouvernement qui ne sert à rien.
L’aération :
Le ministre a dit qu’il voulait généraliser les capteurs de CO2 et qu’il y aurait une aide financière pour les collectivités locales qui veulent équiper leurs établissements (pour les écoles c’est la mairie, pour les collèges ce sont les départements et pour les lycées les régions qui gèrent les équipements). Personne ne sait à combien s’élève cette aide ni si elle suffira à compenser les inégalités territoriales. Dans un monde où il arrive qu’un pan du plafond s’écroule dans certaines écoles, on doute. Le gouvernement britannique, qui n’est pourtant pas un modèle en matière de lutte épidémiologique, investit 25 millions de livres, soit environ 30 millions d’euros pour équiper 300 000 classes en Angleterre, en réponse à la mobilisation des syndicats enseignants et des parents. Quand on sait que Blanquer a rendu plus de 212 millions d’euros de budget en fin d’année 2020…
Pourquoi installer des capteurs de CO2 ?
Mais d’abord à quoi servent les capteurs de CO2 ?
Ils permettent de mesurer la quantité de CO2 présent dans l’air d’une pièce, ce qui est un indicateur de la qualité de l’air respiré, facteur essentiel dans la lutte contre les aérosols. Comment limiter la transmission aérienne du COVID ? Ils constituent un outil précieux pour évaluer les risques de transmission du virus. Ils s’intègrent donc dans un panel de mesures mais ne sont pas suffisants en eux-mêmes. Plus précisément, les capteurs de CO2 indiquent à l’aide de voyants lumineux (vert, orange ou rouge) le moment auquel l’air doit être renouvelé. Les scientifiques disent que si l’air contient deux fois plus de CO2 cela signifie qu’il est aussi chargé de deux fois plus de virus si une personne infectée est dans la pièce et que les probabilités d’être contaminé sont elles aussi multipliées par deux. L’exhalaison d’aérosols contaminants va dépendre de multiples facteurs : la taille de la salle, le nombre de personnes infectées, les activités pratiquées, le port du masque. La probabilité de respirer ces aérosols contaminants va dépendre de leur concentration et donc surtout du temps passé dans cet air. La distance ne suffit pas à protéger et il est nécessaire de renouveler l’air dès qu’il est trop chargé en CO2, et donc potentiellement en virus.
Un masque bien ajusté porté par tous les protagonistes reste un excellent moyen de filtrer le virus présent dans l’air. Nous en profitons pour rappeler encore une fois, que le port du masque est un geste altruiste car il protège les autres, dans l’hypothèse où le ou la porteuse du masque pourrait être infecté·e (asymptomatique, comme la moitié des personnes contaminées par le Sars-COV-2, ou avant de développer des symptômes).
Et concrètement on fait comment ?
Des collectifs (non gouvernementaux) ont travaillé sur les capteurs de CO2 pour proposer des plans de fabrication ou évaluer les appareils commercialisés. )
« Du côté de la science » recommande des capteurs de CO2 avec technologie NDIR (infrarouges Non Dispersifs). Ils recommandent, entres autres, un modèle à 210 euros.
« Nousaerons.fr » propose des plans pour fabriquer des détecteurs, en fablab, en classe ou autre sur son site. On peut s’en tirer à 120 euros. Ces propositions sont évidemment très utiles, cependant nous déplorons encore une fois le manque d’anticipation et de coordination qui fait que si on se mettait à commander pour les 500 000 classes les détecteurs ou le matériel pour les fabriquer on risquerait de se retrouver rapidement en pénurie (tiens, comme pour les masques. Et du coup le gouvernement dirait que ça ne sert à rien ? ). Alors d’accord on ne pouvait pas faire de stocks de détecteurs de CO2 comme pour les masques, mais depuis plus d’un an qu’on sait que la transmission aéroportée joue un rôle majeur dans les contaminations, notamment en milieu scolaire, on aurait pu s’équiper sans se retrouver à ce que chaque établissement soit obligé de jouer du coude pour acquérir les équipements nécessaires.
Aaah…j’ai mon détecteur de CO2. Et comment j’aère maintenant ?
La solution la plus efficace semble l’ouverture des fenêtres (de préférence ouvrir aussi la porte opposée pour la circulation de l’air), au rythme indiqué par le capteur de CO2, beaucoup plus fréquent que préconisé dans le protocole (à partir de 800 ppm dans les salles de classe, à partir de 600 ppm dans les espaces de restauration). Quelles mesures pour diminuer la propagation des aérosols dans les écoles? (voir cet article dans Le Temps) . Cependant il faut prendre en considération le fait qu’un certain nombre de classes ne peuvent pas ouvrir les fenêtres, et l’hiver on ne peut pas décemment étudier dans le froid, ou alors il n’y aura pas d’adhésion et l’aération ne se fera pas correctement. Installer également des filtres HEPA (à placer au centre de la pièce, c’est mieux) ou des systèmes de ventilation alternatifs comme celui proposé par un bricoleur allemand nous paraît intéressant (Article en allemand contenant des photos, voir aussi cet article en français). Le but est de proposer des mesures réalistes qui soient vraiment applicables sur le terrain sur le long terme et non des injonctions déconnectées de la réalité qui servent à donner le change aux donneurs d’ordre.
N’hésitez pas à partager notre travail pour vous emparer de ces questions et informer les enseignant.es, les élèves, les parents d’élèves, les syndicats et les élu.es.
Nous préparons une version à imprimer en direction des écoles et des élus, avec un contenu politique un peu atténué! 😉 Elle sera prête dès que possible!