ℹ️ Bulletin santé et prévention : qu’est-ce que le papillomavirus ?
On entend beaucoup parler actuellement de la vaccination contre le papillomavirus. Dans une visée d’éducation populaire et d’autodéfense sanitaire nous souhaitons apporter une information sur ce virus et la vaccination proposée.
Le papillomavirus ou HPV (Human Papilloma Virus) est une famille de virus très courante composée d’environ 200 génotypes (c’est lui qui va, sous sa forme cutanée, causer les verrues plantaires par exemple).
Parmi eux, 40 infectent la zone génitale. On estime que près de 70 à 80% des adultes sexuellement actifs en seront, en sont, ou en ont été atteints au cours de leur vie. L’HPV touche aussi bien les femmes que les hommes et ce quelle que soit l’orientation sexuelle.
Vous connaissez donc forcément des personnes dans votre entourage qui sont ou ont été infectées par ce virus. Mais comme toutes les Infections Sexuellement Transmissibles (IST), le papillomavirus est frappé d’un tabou. Pourtant, il est nécessaire de miser sur l’information et la prévention car ses conséquences sur la santé ne sont pas négligeables.
En effet, une vingtaine d’HPV sont à haut risque cancérogène. Ils entrainent des cancers de la sphère génitale (col de l’utérus, utérus, vulve, vagin, pénis), anale ou encore ORL (langue, amygdale, oropharynx).
En France, grâce aux dépistages gynécologiques effectués auprès des femmes, 35 000 lésions pré-cancéreuses sont soignées chaque année, ce qui permet donc de réduire le nombre de cancers.
Mais plus de 6 000 cancers induits par l’HPV sont diagnostiqués chaque année dont la moitié sont des cancers du col de l’utérus (systématiquement dus à l’HPV, généralement les souches 16 et 18, ils touchent des femmes jeunes et ont une mortalité très élevée de l’ordre de 30%) ; 25% touchent les hommes avec une grande représentation des cancers ORL.
Il s’agit donc un problème de santé publique important.
L’exposition au papillomavirus se fait uniquement dans le cadre de la sexualité et la contamination a généralement lieu lors des premiers rapports. Le virus se transmet par le contact avec la peau : peau à peau, ou peau à muqueuse, ou muqueuse à muqueuse. C’est pour cette raison que le préservatif ne protège que partiellement (à 70%) de la contamination.
La salive, le sperme, le contact avec des surfaces comme les toilettes, la piscine ne sont pas considérés comme sources de contamination.
Nous relayons dans une autre publication les illustrations et textes créés par la Fondation ARC qui expliquent, de manière ludique et décalée, les modes de contamination par ce virus.
Le virus peut rester endormi dans le corps pendant des années avant de se manifester (c’est pourquoi le cancer du col de l’utérus se développe 10, 20 ou 30 ans après l’infection par l’HPV). Il peut également récidiver.
La plupart du temps, l’infection va disparaître spontanément du corps en 1 ou 2 ans, mais dans 10% des cas elle va se développer et entraîner des lésions pré-cancéreuses ou cancéreuses. Le tabagisme, la sexualité précoce, la multiplicité des partenaires, la coexistence d’autres IST ou encore l’immunodépression sont des facteurs qui favorisent le développement de l’infection.
Dans la grande majorité des cas, les personnes infectées par l’HPV ne présentent pas de symptômes. L’HPV à faible risque cancéreux se manifeste sous la forme de verrues génitales (condylomes) et nécessite une surveillance gynécologique annuelle pour prévenir une évolution cancéreuse.
Face aux risques de cancers liés au papillomavirus, nous disposons de 2 outils de prévention:
* Le dépistage régulier par frottis du col de l’utérus.
* Le vaccin.
Le dépistage par frottis du col utérin est conseillé dès 25 ans et tout au long de la vie, il ne concerne donc que les femmes.
Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), le suivi par un proctologue (spécialiste de l’anus) permet repérer les lésions anormales (dysplasies) anales et de prévenir une évolution cancéreuse. Les femmes sont aussi sujettes au cancer de l’anus, surtout lorsqu’elles sont porteuses de l’HPV.
Chez les hommes hétérosexuels, faute de dépistage organisé, l’infection est généralement découverte lorsque le cancer est déjà installé.
Le vaccin permet de prévenir à 90% les infections par 9 souches du papillomavirus qui sont impliquées dans 90% des cancers liés. Il offre l’espoir de pouvoir éradiquer à terme ces souches du virus et donc de protéger les générations à venir de certains cancers.
On peut vacciner les filles et les garçons de 11 à 14 ans (possible rattrapage jusqu’à 19 ans), le vaccin sera d’autant plus efficace qu’il aura été fait avant le début de la vie sexuelle. Il est administré en 2 doses espacées de 6 à 12 mois et est pris en charge à 70% par la Sécurité Sociale. Pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), la vaccination est possible (3 doses) et prise en charge par la Sécurité Sociale jusqu’à 26 ans. Pour les adultes déjà actifs sexuellement il est possible de se faire vacciner au-delà de 20 ans (l’Autorisation de Mise sur le Marché le prévoit) mais dans ce cas, le vaccin n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale et coûte une centaine d’euros. Les médecins, sage-femmes, infirmier·es et pharmacien·nes sont habilité·es à vacciner (infirmier·es et pharmacien·nes uniquement pour les plus de 16 ans).
Le vaccin ne sert pas uniquement à protéger les femmes mais également les hommes pour lesquels aucun dépistage préventif n’est possible et qui sont touchés par un quart des cancers liés aux papillomavirus.
Ce vaccin est distribué depuis 2007 et 500 millions de doses ont déjà été administrées à travers le monde, nous avons donc un recul conséquent. De nombreux pays ont une couverture importante, de l’ordre de 80 à 90%, comme l’Espagne, la Belgique, la Suède, l’Islande ou l’Australie alors qu’en France elle s’élève seulement à 37% pour les filles et 9% pour les garçons.
Le vaccin présente une excellente tolérance, très peu d’effets secondaires graves ont été relevés dans le cadre de la pharmaco-vigilance ; les risques d’infertilité sont démentis et relèvent d’une rumeur.
Il dimunue de 90% des risques de contamination et d’apparition de lésions pré-cancéreuses et cancéreuses. La balance bénéfices/risques est donc considérable vu les maladies que le vaccin prévient. Il s’agit de fait du seul vaccin permettant de prévenir le cancer lié à un pathogène et d’envisager une éradication de certains cancers. C’est une chance.
La volonté du gouvernement d’engager la vaccination contre le papillomavirus dans les collèges a le mérite, pour une fois, de miser sur la prévention et de lutter contre les inégalités d’accès à la vaccination. Mais pour que les équipes de médecine scolaire puissent mener à bien cette nouvelle mission il faudrait considérablement étoffer les effectifs déjà sous-dimensionnés par rapport aux besoins en matière de prévention (7 700 infirmières scolaires sont en poste actuellement). On peut également se demander si le rôle de l’école est bien de pratiquer des actes de soins, d’autant que les familles préfèrent souvent se tourner vers des professionnel·les qu’elles connaissent et ont choisis, et s’il ne s’agit pas là de ne rien faire pour développer l’offre de soins dans les hôpitaux et en ville ?
En savoir + sur le papillomavirus :
ℹ️ https://papillomavirus.fr/sinformer
ℹ️ https://www.sida-info-service.org/hpv-papilloma-virus-humain/
ℹ️ https://www.filsantejeunes.com/hpv-human-papilloma-virus-condylomes-12747
ℹ️ https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-vendredi-03-mars-2023-5907107