Exercice sur gens réels. On aurait pu en rire
On aurait pu en rire si on l’avait vu au cinéma il y a quelques années. Malheureusement, la répression des mouvements sociaux a toujours été violente et arbitraire. Depuis l’opposition à la loi travail en 2016, le soulèvement des Gilets Jaunes et les manifestations, rassemblements, contre les réformes abjectes sous la présidence de Macron, les drames se succèdent et s’accélèrent. Aujourd’hui n’importe qui, qui descend dans la rue pour manifester son opposition, peut être la cible d’un tir, d’une matraque, d’une injure, d’une menace, d’une humiliation, d’une roue de moto qui lui roule sur la jambe.
On hallucine quand on devine ici ce qui semble être un premier tir de grenade lacrymogène par un policier, accompagné, instruit par un autre. On hallucine d’abord du tir raté bien entendu. Les journalistes touchés semblent sidérés tant cela était improbable. On se revoit au gymnase du collège, exposant notre nullité au regard d’une trentaine d’adolescents au rire humiliant. Puis on hallucine que cela arrive à un flic, en pleine manif. Il semble faire ça pour la première fois, alors que face à lui, il a de vraies personnes, que dans sa main, il a une arme réelle. Et si la grenade avait explosé sur le journaliste ou plus loin sur quelqu’un d’autre ? On pense alors tout de suite à S, à M, à toutes ces personnes mutilées qui ont peut-être été les victimes d’un tel bras téléguidé par l’Etat. Quand bien même il ne s’agirait pas d’une première fois, ni d’un entrainement sur gens réels, il faut vraiment n’en avoir rien à faire des gens en face pour mettre des armes dans les mains de flics qui ne sont pas capables de s’en servir. Il faut être cynique pour prendre les manifs comme lieu d’entrainement. Il faut avoir le goût du risque de l’assassinat.
Crédit vidéo : inconnu