đź“ž GĂ©nĂ©ralisation du Service d’Accès aux Soins – OpĂ©ration comm đź“ž
Le ministre de la santĂ© a annoncĂ© fin avril que grâce Ă la gĂ©nĂ©ralisation du Service d’Accès aux Soins (SAS), la population pourra trouver Ă toute heure de la journĂ©e une rĂ©ponse pour les soins non programmĂ©s.
Vous croyez peut-ĂŞtre qu’on va voir apparaĂ®tre un nouveau service de santĂ©, des hĂ´pitaux renflouĂ©s en moyens financiers et humains ? RatĂ©.
Il ne s’agit en rĂ©alitĂ© que du 15, le « nouveau rĂ©flexe Ă avoir » quand on pense devoir se rendre aux Urgences ou qu’on ne trouve pas de mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste.
Les Assistants de Régulation Médicale (ARM) qui sont vos premiers interlocuteurs lorsque vous appelez le 15, seront en charge de vous orienter : soit vers le médecin du SAMU pour une urgence, soit vers la régulation de médecine générale qui poura vous conseiller, vous proposer une téléconsultation ou un rdv avec un professionnel de santé. Des filières spécifiques comme la psychiatrie ou la gériatrie pourront être adjointes au dispositif. Ce qui était déjà existant sera renforcé, généralisé.
Or, dans certains territoires, des Centres 15 ont Ă©tĂ© fermĂ©s afin de crĂ©er des centres rĂ©gionalisĂ©s, ce qui a dĂ©jĂ entrainĂ© une augmentation considĂ©rable de la charge de travail des ARM et mĂ©decins rĂ©gulateurs, au risque d’un retard dans le temps de rĂ©ponse pour les urgences vitales. On peut imaginer les difficultĂ©s lorsque le 15 sera sollicitĂ© en continu pour des motifs ne relevant pas forcĂ©ment de l’urgence.
Ce dispositif d’orientation, vantĂ© par le gouvernement, ne rĂ©sout pas le manque aigu de mĂ©decins de ville et amplifiera leur surcharge de travail.Â
Il ne change rien non plus Ă un des problèmes majeurs de la prise en charge de la santĂ© : l’asphyxie des Urgences est la consĂ©quence directe de la saturation de tout le reste de l’hĂ´pital et de la mĂ©decine de ville, fruit de dizaines d’annĂ©es de politique budgĂ©taire pensant la santĂ© comme un coĂ»t.Â
En revanche, il rĂ©pond bien Ă la promesse de Macron de « dĂ©sengorger les Urgences d’ici fin 2024 » tout en masquant (mal) les causes de la pĂ©nurie de personnel et des fermetures de services. Ă€ terme, l’accès aux Urgences sera systĂ©matiquement « rĂ©gulé », c’est une forme de fermeture d’un service public essentiel pour la population.
Ce petit discours tendant Ă culpabiliser les patients en leur faisant croire qu’ils ne seraient pas lĂ©gitimes Ă se rendre d’eux-mĂŞmes aux Urgences ou Ă consulter un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste soulève un vrai problème sociĂ©tal et Ă©thique. Cette banalisation du non-accueil de l’autre vulnĂ©rable s’inscrit dans la politique globale du gouvernement qui s’acharne Ă dĂ©manteler les services publics et dĂ©finir des catĂ©gories de « bons et mauvais » citoyen·nes.
Cette vision Ă©triquĂ©e des services de santĂ© s’inscrit dans la logique nĂ©olibĂ©rale de la responsabilisation individuelle au dĂ©triment de l’inconditionnalitĂ© et de l’universalitĂ© de l’accès aux soins. C’est une grande rĂ©gression enrobĂ©e dans un emballage de modernitĂ©. Dans la mĂŞme logique, on assiste Ă la remise en cause rĂ©gulière de l’Aide MĂ©dicale d’Etat pour les Ă©tranger·es en situation irrĂ©gulière.
Le soin est politique.