🕯 Pour une Sécurité Sociale de la mort 🕯
Dans un article de Frustration, les membres du « Collectif pour une Sécurité Sociale de la mort » critiquent le capitalisme funéraire et plaident pour un modèle économique solidaire, démocratique et non lucratif.
L’extension de la SĂ©curitĂ© Sociale aux obsèques permettrait de garantir la libertĂ© aux personnes endeuillĂ©es, de lutter contre les inĂ©galitĂ©s sociales, de donner un statut politique au deuil, de redonner aux travailleur·euses des pompes funèbres de l’autonomie dans leur travail, axĂ© sur l’humain, hors de toute logique lucrative.
C’est pourquoi ce collectif propose une nouvelle institution, indĂ©pendante de l’État, financĂ©e par les cotisations sociales, gouvernĂ©e par les agents funĂ©raires et les citoyenı·nes, octroyant aux familles un forfait dĂ©bloquĂ© automatiquement, utilisable dans des entreprises de pompes funèbres conventionnĂ©es.
La mort est une question de classe sociale. « Une proportion importante des travailleurs les plus pauvres décèdent jeunes. De plus, une proportion croissante de la population se retrouve sans emploi dès la cinquantaine, l’âge où le décès de ses parents survient majoritairement : les obsèques sont une double peine pour les classes populaires. »
Depuis la loi Sueur qui a ouvert en 1993 les pompes funèbres à la concurrence, les prix ont explosé et la mort est devenue un commerce (très) lucratif. Si le « marché funéraire discount » existe, les familles se trouvent confrontées au dilemme de « payer cher pour hisser le défunt au-dessus de sa classe sociale, ou accepter la violence de faire des obsèques low-cost » .
Instaurer la Sécurité Sociale de la mort favoriserait une plus juste répartition de la charge économique des obsèques entre riches et pauvres. Suivant les conceptions de Bernard Friot, les frais d’obsèques deviendraient alors une assurance collective, une garantie payée par le salaire brut, assise sur les cotisations de tous, ce qui conduirait ipso facto à la disparition du secteur de la prévoyance privée.
La SĂ©curitĂ© Sociale de la mort rĂ©duirait Ă©galement les inĂ©galitĂ©s sociales en matière d’accès Ă un soutien psychologique autour de la fin de vie et suite Ă un dĂ©cès tant les politiques budgĂ©taires rĂ©duisent le personnel hospitalier. Donner un statut politique au deuil permettrait faire reconnaĂ®tre sa vulnĂ©rabilitĂ© et sa lĂ©gitimitĂ© et de l’inscrire dans le droit.
Avec cette nouvelle institution, les professionnel·les du monde funĂ©raire s’Ă©manciperaient, en ayant la main sur leur outil de travail, sur les investissements des cotisations sociales et pourraient sortir du modèle lucratif du rendement et des postures contraires Ă l’Ă©thique qu’il leur impose.
Une Sécurité Sociale de la mort amènera aussi à nous interroger sur la vieillesse et les mauvaises conditions de notre fin de vie en lien avec la gestion lucrative des EHPAD.
Le tabou de la mort favorise le secteur capitaliste, Ă l’image des prĂ©voyances privĂ©es ou du monopole de deux grands groupes funĂ©raires. RĂ©approprions-nous notre vie et notre mort, soutenons ce projet qui vise Ă nous permettre de collectivement remettre de l’humain dans les pratiques et sortir de la marchandisation des corps.
Pour aller plus loin :
🔎 Page Facebook du Collectif pour la Sécurité Sociale de la mort
🔎 5 articles du collectif parus dans le Club Mediapart
🔎 Entretien avec la fondatrice de Thanatosphère qui soutient l’Ă©ducation populaire et le projet de coopĂ©ratives funĂ©raires