« Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie mais son évolution en temps de crise », Brecht.
Fréderic Lordon pointe la fascisation caractérisée de la police, sous les auspices du pouvoir, et le risque de bascule dans une république fasciste.
« Passée dans une économie morale séparée, la police a totalement perdu de vue la nature exorbitante des prérogatives qui sont les siennes dans une société : être mandatée pour détenir des armes et possiblement s’en servir. Des prérogatives aussi extraordinaires ne sauraient aller sans la conscience d’une responsabilité extraordinaire. Mais non : la police veut pouvoir tirer à tuer sans être empêchée, ou cogner jusqu’à laisser pour mort sans être réprimandée. De responsabilité spéciale, la police, entièrement adonnée à ses pulsions violentes, ne veut plus entendre parler — « nous avons les armes, nous nous en servons, fin de la discussion ». Et ceci maintenant — c’est bien la nouveauté effrayante — jusqu’au sommet de la hiérarchie. Ministre compris. » écrit-il.
Selon lui, nous sommes passés dans une république policière. Et les vrais « territoires perdus de la république » sont la police, la justice d’abattage, « les instituts médico-légaux qui falsifient les comptes-rendus, comme celui d’Adama Traoré », les prisons, les CRA et les médias à la ligne éditoriale raciste. En somme l’exact envers des quartiers d’où monte une demande d’égalité authentiquement républicaine.
La situation laisse craindre que la république policière ne soit qu’une transition vers une république fasciste.