🚜 Témoignage ✊
A Poitiers, ce jeudi 25 janvier, il y a vraiment beaucoup de tracteurs devant la prĂ©fecture, c’est impressionnant.Â
Par contre, il n’y a pas de flics ! Enfin si, genre, un dans une voiture. Ça change de la CRS8 que je vois devant la pref quand les copaines organisent un truc…Â
Je me faufile en vélo entre les tracteurs, il n’y a pas beaucoup de monde par contre.
Et puis, à une belle place devant la préfecture, il y a un tracteur avec cette pancarte contre les accords de libre-échange. Je trouve ça cool, alors je pose mon vélo (avec mes stickers des Soulèvements de la Terre collés dessus) et demande si je peux prendre une photo. Il y a aussi un drapeau français, j’adore pas trop les drapeaux en général, mais il y est écrit un truc pas mal dessus, alors je me dis que, au moins, y a pas de fétichisme du drapeau chez la personne qui a fait la pancarte.
On discute un peu, les gars sont sympas, on fait quelques blagues, en fait c’est pas leur tracteur et ils avaient pas fait gaffe Ă la pancarte, qu’ils apprĂ©cient aussi.
Assez vite, j’avoue que d’habitude, je suis plutĂ´t dans des manifs anti-bassines, petite crispation, mais ça passe bien, de toute manière j’ai bien l’air d’un gauchiste avec mon vĂ©lo Ă©lectrique, il m’avait cramĂ©.
Le gars fait du maĂŻs, sans irrigation, et utilise des phytos, il me le dit en mode demi provoc, mais en vrai j’ai rien Ă dire de ses pratiques, je me dis qu’il fait ce qu’il peut. Je lui dis qu’on est pas contre les retenues en gĂ©nĂ©ral, ni contre l’irrigation par principe, juste contre les mĂ©ga-bassines et le modèle agro-industriel du patron de la FNSEA. LĂ aussi on est d’accord, d’ailleurs, son pote prĂ©cise : « La FNSEA n’est pas lĂ . Y a que des gens ici ». C’est vrai, bon, il y a quand mĂŞme quelques drapeaux de la Coordination rurale… on n’est pas potes avec ce syndicat, mais personne ne se montre hostile… Ah ah ! J’ai pas braillĂ© « No Bassaran ! » non plus hein !
On a causé gestion de l’eau, il y a un excès de prélèvements connu depuis des décennies dans notre bassin versant, et on a évoqué les volumes de prélèvement, très mal répartis.
Bref, c’était sympa. Pas sĂ»r que j’aie rĂ©ussi Ă leur donner envie d’aller voir les revendications de la ConfĂ©dĂ©ration paysanne, syndicat agricole mobilisĂ© contre les mĂ©ga-bassines, mais sait-on jamais ! Et puis, on aura l’un et l’autre fait l’expĂ©rience toute simple de se parler mĂŞme si on est pt’tet pas d’accord sur des trucs et que BFM nous prĂ©sente comme des ennemis.
Comme au début des Gilets Jaunes, éteignons nos télés et allons toutes et tous parler avec les vrais gens qui sont sur les vrais blocages, en ne perdant pas de vue que si on a deux oreilles et une seule bouche, c’est pour écouter deux fois plus qu’on parle.