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Témoignage d’une enseignante de maternelle qui aurait pu être écrit par tant d’autres

Photo d'enfants dans une salle de classe avec le titre : "Les politiques néolibérales méprisent le corps enseignant".

L’école maternelle accueille tous les enfants et c’est bien souvent la première année de scolarisation que se révèlent des besoins spécifiques.

C’est très souvent les enseignants, non formés initialement aux besoins spécifiques liés aux divers handicaps, qui commencent par se demander s’ils ne se trompent pas en pensant que, peut-être, cet enfant aurait besoin d’un  accompagnement spécifique. Puis ils ont la lourde charge, jamais certains de la justesse de leur intuition, de parler avec les parents, parfois d’avoir à insister quand ce qui est pointé est juste insupportable pour les parents. C’est bien souvent après des semaines de souffrance de l’enfant, de ses parents, des autres élèves de la classe et de l’enseignante que quelque chose se met en place au niveau de l’institution. Un rendez-vous avec la directrice, sans plus de moyens que l’enseignante face à la détresse des parents, puis après avoir laissé un peu de temps aux parents, elle peut mettre en place une réunion d’équipe éducative pour aider les parents à la difficile décision de faire appel à la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées). Il faudra parfois plusieurs réunions pour accompagner les parents jusqu’à cette étape. Et puis là commencent les dédales administratifs : monter le dossier, rdv médicaux, passer en commission, trouver une AESH (accompagnante des élèves en situation de handicap).

Et pendant ce temps, il se passe des choses comme ce qui est décrit dans l’article du Café pédagogique.

La faute à qui ? Pas aux enseignants, pas aux parents, surtout pas aux enfants. La faute aux gouvernements néolibéraux qui décident de faire passer des lois en se foutant éperdument des conditions de leur application, du moment qu’elles ne font rien dépenser de plus (le fameux « à couts constants »), voire idéalement qu’elles font faire des économies. 

Dans le cas de l’inclusion à l’école, les gouvernants ont commencé par foutre par terre les réseaux d’aide existants, puis ils ont créé des postes précaires pour remplacer ceux d’enseignants spécialisés chevronnés et formés, et depuis 2005, ils inventent chaque année un dispositif pour colmater les trous. Il s’agit en réalité d’un exemple de plus du cynisme capitaliste. L’Etat manage des chiffres et des cas et se défile de ses responsabilités en matière d’inclusion. Il se permet cependant de traiter comme des enfants irraisonnables les enseignants qui réclament des moyens pour appliquer la loi, alors que ce sont eux, au final, qui se montrent responsables au côté des enfants et de leur famille. 

On pourrait aussi imaginer de faire confiance aux enseignants et d’attribuer du personnel supplémentaire pour aider les enfants qui en ont besoin sans passer dans un premier temps par un diagnostic de handicap. Certaines situations ne relèvent pas de cette catégorie ou les parents ne sont pas prêts à entamer cette démarche. Le besoin d’accompagnement humain est cependant réel et urgent alors que le parcours de diagnostic est long et évolutif. Après l’école serait peut-être plus à même de répondre aux besoins des jeunes enfants sans aide supplémentaire si on n’entassait pas de 25 à 30 élèves dans les classes de maternelle.