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🗯️ BIllet d’humeur du Dr Christophe Prudhomme 🏥

Visuel du Printemps du Care. On voit un thermomètre affichant une température corporelle de 39.2°C. Texte : "Alerte sur la pédiatrie. Billet d'humeur du Docteur Christophe Prudhomme".

« Alerte sur la pĂ©diatrie

DĂ©jĂ  avant la première vague COVID, les hospitaliers alertaient en dĂ©cembre 2019 sur le manque de lits pour des enfants dans les hĂ´pitaux d’Ile-de-France avec de nombreux transferts en province. Depuis la situation s’est aggravĂ©e avec la crise des urgences pĂ©diatriques, l’automne dernier. En ville la situation n’est pas meilleure car les pĂ©diatres libĂ©raux font partie des mĂ©decins dont les revenus sont les plus faibles et sont mĂŞme infĂ©rieurs Ă  ceux des gĂ©nĂ©ralistes. Un autre Ă©lĂ©ment important Ă  prendre en compte est le fait que cette activitĂ© est assurĂ©e Ă  95 % par le secteur public car elle n’est pas intĂ©ressante pour le secteur privĂ© lucratif : il s’agit d’une activitĂ© Ă  risque et peu rĂ©munĂ©ratrice du fait de la nĂ©cessitĂ© de consultations longues avec peu d’actes techniques. Je vais illustrer la gravitĂ© de la situation actuelle par deux exemples vĂ©cus rĂ©cemment. Il s’agit d’une part d’un nourrisson souffrant de troubles digestifs nĂ©cessitant une intervention chirurgicale. Alors qu’il est hospitalisĂ© dans un hĂ´pital de la banlieue parisienne, il est prĂ©vu, du fait de la particularitĂ© de l’intervention, de l’opĂ©rer dans un service spĂ©cialisĂ© du plus grand hĂ´pital pĂ©diatrique parisien. Malheureusement, il est annoncĂ© aux parents qu’il n’y a pas de disponibilitĂ© au niveau des blocs opĂ©ratoires et que leur enfant doit ĂŞtre transfĂ©rĂ© Ă  Reims. Le deuxième enfant est plus âgĂ©, 6 ans, et est victime d’un accident avec une fracture ouverte de la jambe, un soir de week-end. Ce type de traumatisme nĂ©cessite une intervention chirurgicale urgente du fait notamment du risque d’infection. Pris en charge par une Ă©quipe du SAMU, il attendra  dans l’ambulance près de deux heures avant qu’un hĂ´pital d’accueil puisse ĂŞtre trouvĂ©. Les raisons en sont les suivantes. L’accident s’est produit en Seine-Saint-Denis, dĂ©partement ayant la plus forte natalitĂ© en France, mais qui ne dispose le week-end d’aucun hĂ´pital capable d’opĂ©rer les enfants souffrant de ce type de fracture. Il est donc fait appel aux hĂ´pitaux parisiens spĂ©cialisĂ©s. Dans l’un, la chirurgienne est disponible mais ne dispose pas du matĂ©riel ! Dans un autre, les chirurgiens sont en train d’opĂ©rer et dans le troisième, aucun lit n’est disponible. Finalement, après discussion, une solution est trouvĂ©e en dĂ©calant les interventions dans un de ces Ă©tablissements. Ce type de problème n’est pas une exception mais se reproduit rĂ©gulièrement. Il peut se traduire par des retards de prise en charge qui peuvent avoir des consĂ©quences catastrophiques sur l’état de santĂ© des enfants. Seule la bonne volontĂ© et l’engagement des professionnels de santĂ© permet  d’éviter le pire, mais jusqu’à quand ??? Ce qui est particulièrement scandaleux, c’est qu’au-delĂ  du manque de personnels, le manque de matĂ©riel qui est la consĂ©quence des restrictions financières, ne permet pas de travailler normalement. L’urgence d’une autre politique tant en termes de formation, de conditions de travail, de rĂ©munĂ©rations et de moyens techniques ne peut plus ĂŞtre repoussĂ©e si nous voulons que nos enfants puissent ĂŞtre soignĂ©s correctement ! Â» Dr Christophe Prudhomme