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Du port du masque et du validisme au quotidien

Texte très fort de Callirhoé qui décrit les souffrances causées par le validisme ordinaire …

« Chaque jour ou presque je prends le métro. Chaque jour, je prends mon ffp2, je le mets pour sortir de l’immeuble et prendre l’ascenseur, je l’enlève dans la rue et le remets en arrivant à la station de métro.

Chaque jour, je suis une des 3 ou 4 personnes de la rame qui porte un masque. 

Chaque jour donc, j’ai en face de moi dans le métro des valides qui, pas consciemment certes envoient ce message « ta mort vaut moins que le dérangement de porter un bout de tissu sur mon visage le temps d’être dans le métro »

Chaque jour. 

Je sais que ce n’est pas ce qu’iels pensent. 

Je sais qu’iels ne se disent pas activement qu’iels sont en train de peut être contribuer à me tuer. 

Je sais que la faute en revient à la communication catastrophique sur le covid où les gens n’ont même pas encore compris qu’on se moquait éperdument du plexiglass et de se laver les mains mais que par contre le masque était important. 

Je sais que la faute en revient au validisme intrinsèque de notre société qui fait qu’on ne voit pas et ne veut pas voir les personnes malades ou handicapées. 

Qui fait qu’on a choisit depuis des décennies de les ségréger (IME, institutions diverses) plutôt que de leur permettre de vivre en milieu « ordinaire » pour prendre le parallèle avec l’école. 

Qui fait qu’on ne s’est pas donné les moyens à aucun moment de lutter contre le validisme en tant que société.

Qui fait que l’ONU (ces gauchistes bien connus) attaque la France sur le handicap, rapports après rapports tant nous sommes scandaleux-ses de validisme dans ce pays.

Je sais que ce n’est pas la faute de la personne que j’ai en face de moi dans le métro. 

Je sais qu’iel ne pense pas activement qu’iel préfère ma mort à porter un masque à l’instant où je vais le regarder, même plus le regard inquiet car je suis blasée à force des mois qui passent. 

Je sais qu’il ne souhaite pas activement ma mort, où le fait que je sois plus handicapée par une maladie plus sévère.

Mais à force, je fatigue.

A force, je ne peux plus m’empêcher d’y voir une volonté, consciente ou inconsciente, que je ne fasse pas partie de l’espace public. 

A force, je ne peux plus m’empêcher de vivre de plus en plus mal le validisme. 

A force, je ne peux plus m’empêcher de me dire que VOUS ne voulez pas de MOI. 

Et c’est violent. Et ça fait mal. Ça fait très mal. 

Et cela fait des jours, des semaines, des mois, voire des années que cela dure. »

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