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Flagrant délit de mépris, épisode 48 706 

La réponse de la députée Renaissance Stéphanie Rist lors des débats parlementaires sur les retraites témoigne du double-discours de la macronie. D’un côté prétendre investir dans la prévention, de l’autre détricoter tout ce qui permet de préserver la santé au travail.

La situation d’Angelika, aide-soignante au dos brisé, illustre bien l’impossibilité pour nombre de professions de travailler plus longtemps. Alors non, la création d’un fond d’investissement dans la prévention doté d’un milliard d’euros d’ici à 2027 ne réparera pas le dos d’Angelika.

Et surtout, si la députée a la prétention d’adresser son conseil aux aides-soignantes du futur, la prévention n’est pas un outil magique qui permet de repousser indéfiniment la limite de l’usure des corps. Le port des charges lourdes, les gestes répétitifs, mais aussi le coût cognitif des changements incessants sont autant de facteurs absents de la définition de la pénibilité. Ils sont pourtant à l’origine de souffrances au travail et du départ précoce de bien des travailleurs et travailleuses.
La prévention ne doit pas être un alibi pour se donner bonne conscience, et reporter sur le dos (brisé) des travailleurs et des travailleuses la responsabilité de leur santé. C’est ignorer les conditions matérielles très concrètes des métiers pénibles, c’est nier l’usure inévitable des corps par le travail. La prévention des maladies et des accidents reste un enjeu important. Mais dans le mode de production capitaliste elle est trop souvent réduite à la préoccupation de maintenir le travailleur assez en forme pour pouvoir revenir vendre sa force de travail le lendemain, tout en coutant le minimum à l’employeur. Une sorte d’arbitrage entre ce que coûte l’entretien de l’outil et sa mise au rebut. 

On se rend bien compte de la volonté de ce gouvernement d’anéantir tous les contre-pouvoirs qui permettent de contraindre les employeurs à prendre en compte notre santé au travail, ou même d’en assumer en partie le coût. Elisabeth Borne profite du projet de réforme pour faire supporter à la branche maladie de la sécurité sociale, financée par nos cotisations, une partie du coût des accidents du travail et des maladies professionnelles, déjà largement sous-estimé et censé être financé par les entreprises. L’ensemble des gouvernements a jugé que notre santé menacée par les pandémies actuelles et futures ne valait pas la peine qu’on investisse dans la qualité de l’air. Les CHSTC ont été supprimés, le recours aux prudhommes est devenu payant, la médecine du travail est réduite à peau de chagrin. Le risque est d’individualiser la souffrance au travail et de ne plus discuter collectivement des problématiques professionnelles partagées.  

Alors nous le dirons encore haut et fort dans la rue et ailleurs : « Démerdez-vous, nous ne travaillerons pas plus longtemps ! »

Crédit vidéo : Arthur Delaporte