| | | |

Jean Castex, la toute puissance contrariée?

Photo de Jean Castex. Légende : "Le Ministère de la peur" "Remake by Fritz Castex. Dérogation pour sortie en salles immédiate."

Retour sur un projet de loi fugace…Mais qui sera peut être posé sur la table dès que la conjoncture planétaire semblera plus favorable aux yeux du gouvernement… ou bien dès la fin programmée de l’actuel état d’urgence le 1er avril 2021.

La frustration ne convient décidément pas à notre gouvernement !

Le voici qui fantasma son omnipotence en déclarant fixer par la loi « un dispositif pérenne dotant les pouvoirs publics des moyens adaptés pour répondre à l’ensemble des situations sanitaires exceptionnelles ».

« Cher » Jean Castex, si vous étiez tout puissant, vous pourriez peut-être pourvoir aux besoins du système de santé que les professionnel.le.s ne cessent de crier.
Au lieu de cela, vous méprisez, vous contraignez et contrôlez, bientôt vous trierez et sélectionnerez, ça rappelle des moments noirs d’un passé pas si lointain.
Nous aurions préféré une loi qui pérennise un régime de gestion du système sanitaire dans le respect des personnel.le.s et des usager.e.s !

Au lieu de cela, le ( feu? ) projet de loi « instituant un régime pérenne de gestion des urgences sanitaires » visait à créer un « état de crise sanitaire » qui s’ajouterait à « l’état d’urgence sanitaire » déjà décrété sur rapport du ministre de la santé mais pour un mois maximum et avec prorogation soumise à une autorisation par la loi. La particularité de l’état de crise mis en place, est qu’il serait décrété pour 2 mois et que sa prorogation ne serait soumise qu’à l’avis du Haut Conseil de la santé publique.

Quand on voit comment le gouvernement actuel suit les avis du HCSP, il y a de quoi être rassurés !

Avec ce projet de loi, le gouvernement qui se déclarait donc comme seul compétent pour décider de la durée de l’état de crise, montrait encore son incapacité à l’auto critique et à la reconnaissance de ses propres faiblesses, qui ont coûté la vie à des milliers de personnes et éreinté les professionnel.le.s de santé.

Bref, on s’est réjouis d’apprendre qu’on devrait encore plus faire confiance aux ministres de la santé, surtout quand on pense par exemple au chaos que nous avons connu avec Agnès Buzyn en mars.

Se passer d’avoir à recourir au parlement, c’est toujours un peu moins de démocratie ce qui n’est pas pour déplaire à la Macronie qui cumule les lois liberticides.
Ici, tout ce qui était exceptionnel, devenait potentiellement pérenne:
contrôler les déplacements, ordonner des mises en quarantaine, des placements à l’isolement, contrôler les ouvertures de lieux d’accueil du public, de regroupement dans l’espace public, « subordonner les déplacements des personnes, leur accès aux moyens de transports ou à certains lieux, ainsi que l’exercice de certaines activités à la présentation des résultats d’un test de dépistage établissant que la personne n’est pas affectée ou contaminée, au suivi d’un traitement préventif, y compris à l’administration d’un vaccin ou d’un traitement curatif  » (Projet de loi, section 2 du 1er article).

On était donc dans la ligne droite de ce qu’est pour ce gouvernement de gérer la santé de sa population = la responsabilité individuelle qui conduit tout droit à la répression.

Notre « cher » Jean Castex, dont on se moquait lorsqu’il disait « pour soulager l’hôpital, il ne faut pas tomber malade » (devant un virus si contagieux qu’il s’est répandu sur toute la planète en quelques mois), culpabilisant tout le monde au passage, maintenant on ne rigole plus du tout quand on entend « pour soulager la police, ne tombez pas malade ».

A-t-il eu peur à ce point quand on lui a demandé de financer notre système de santé ?
Après de nouvelles coupes dans les budgets des hôpitaux avec le PLFSS de 2021, ce que le gouvernement trouve à mettre en place pour gérer les épidémies est tout bonnement à côté de la plaque : le tout répressif ça n’est pas une politique sanitaire ! Quand il y a une pandémie mondiale, le virus circule, ce qu’il faut c’est pouvoir prendre en charge les malades !

Cette culpabilisation de l’individu à outrance ne permettra pas de prévenir les prochaines crises: rien n’est dit sur les lieux de contamination, sur les stocks de masques ou une politique de production de matériel de protection

Eugénie interne en psychiatrie, Véronique enseignante-chercheuse, pour Bas les Masques, autodéfense sanitaire et solidaire.

Ps : La crise c’est chronique à l’hôpital, Bas les Masques est aussi à votre disposition pour relayer vos vécus, alors n’hésitez pas à nous envoyer vos témoignages vidéos, photos, ou écrits en privé.