Le capitalisme épuise deux choses : le travailleur et la nature 😡
Nous relayons un article de presse sur le petit arrangement entre le gouvernement et le patronat pour réduire les cotisations patronales des Accidents du Travail et Maladies Professionnelles (AT-MP) dans le cadre de la réforme des retraites.
Face à cette réforme injuste, bloquons le pays à partir du 7 mars ! 🔥
« Accident du travail : du déni à « l’arnaque »
Avec sa réforme des retraites, le gouvernement va réduire les moyens de lutter contre les accidents du travail. Le tout, au nom de la baisse du coût pour les employeurs.
Décryptage d’un tour de passe-passe comptable sur le dos des salariés.
Affaiblir les moyens de la lutte contre les accidents du travail pour permettre aux patrons de ne pas cotiser un euro de plus…
Voilà comment l’on pourrait résumer l’énième tour de passe-passe du gouvernement dans sa réforme des retraites. Un tour qui est passé relativement sous les radars médiatiques alors que ses conséquences sont loin d’être anodines.
Pour bien comprendre, il faut revenir au 10 janvier dernier lorsqu’Élisabeth Borne présente son projet de réforme des retraites.
Elle affirme alors vouloir demander « aux employeurs une contribution supplémentaire pour le financement de la retraite ».
Une demande surprenante de sa part, qu’elle s’empresse de compléter : « Mais nous refusons qu’elle augmente le coût du travail. C’est pourquoi nous baisserons, symétriquement, la cotisation des employeurs au régime des accidents du travail et des maladies professionnelles. »
En clair, le gouvernement demande un petit effort aux patrons en augmentant leurs cotisations vieillesse mais en contrepartie d’une baisse des cotisations liées à la branche des accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP).
« Une escroquerie »
Cela pourrait être un détail pour certains mais c’est loin d’être le cas. Car cette branche AT-MP et ses cotisations forment le cœur de la lutte contre les accidents du travail et autres maladies professionnelles, leur indemnisation et leur prévention.
« C’est une escroquerie, on déshabille Paul pour habiller Jacques tout en assistant le grand patronat », commente, les dents serrées, Jean-Marie Angeli, secrétaire général de la CGT CPAM des Bouches-du-Rhône. Il souligne que ces cotisations AT-MP « sont à la charge des employeurs » et qu’elles sont donc un levier central dans la prise en compte des accidents : « Plus il y a d’accidents dans une entreprise ou une branche, plus la cotisation sera élevée. » « Elles sont aussi là pour sanctionner les entreprises qui ne font pas de prévention, qui ne protègent pas leurs travailleurs », développe-t-il.
L’opération du gouvernement est donc un coup dur pour la branche : moins 800 millions d’euros environ pour soulager les comptes patronaux.
Alors même que les besoins sont là . « On a les plus mauvais patrons d’Europe en matière d’accidents et de morts au travail », explique Jean-Marie Angeli.
Les chiffres lui donnent raison : les morts au travail augmentent en France régulièrement, passant de 537 en 2010 contre 803 en 2019, selon les données d’Eurostat. On compte également 604 565 accidents en France pour l’année 2021.
D’où la réaction des familles de victimes et collectifs qui tentent, tant bien que mal, de provoquer une prise de conscience sur un phénomène mortel.
Une « sous-déclaration » massive
Si les moyens manquent déjà , une baisse des cotisations AT-MP c’est encore plus les réduire. « On n’a pas d’arme pour mettre les patrons face à cela », se désole Jean-Marie Angeli.
Il pointe « la fin des CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), l’affaiblissement des services de l’inspection et de la médecine au travail », comme autant de facteurs accélérant le phénomène.
Autre donnée à prendre en compte : celle des sous-déclarations des accidents du travail. Une sous-déclaration qui s’avère être massive : elle représente entre 1,2 et 2,1 milliards d’euros selon un rapport remis au Parlement en 2021.
« Si l’on étendait le champ des maladies professionnelles ou s’il n’y avait pas de sous déclaration, la branche AT-MP ne serait pas excédentaire », analyse Henri Sterdyniak, des Économistes Atterrés.
Car c’est bien pour cela que le gouvernement tape dedans pour alléger les cotisations patronales : la branche AT-MP dégage plusieurs milliards d’euros d’excédents, mais justement à cause de cette sous-déclaration. L’économiste dénonce tristement « un jeu comptable pour équilibrer fictivement le système de retraite ». Un jeu sur le dos des morts au travail. »
Article d’Aumory Baqué paru le 28.02.2023 dans le Journal La Marseillaise