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Le Comité Scientifique Invisible du CARE fait un point sur la situation sanitaire.


   La vaccination :

En préambule, nous tenons à mentionner le désormais connu bien qu’anonyme @coronalive sur Telegram, qui a été début 2020 une source précieuse d’information. Malgré cet anonymat problématique, nous avons continué de le lire, sans le prendre systématiquement au pied de la lettre… Il (elle ?) nous semble bien informé, mais un peu angoissé et angoissant…
Après un long silence, et des prédictions en 2021 plutôt alarmistes, il a renvoyé de nouveaux posts (fin novembre et début décembre) donnant des arguments pour ne pas vacciner massivement pendant une pandémie. Il faisait référence à une étude sur des poulets en batterie, victimes d’un virus très mortel (pour les poulets) puisqu’il tuait une grande proportion d’animaux. 
Ce que montre cette étude de 2015, c’est un effet de sélection de variants plus mortels pour les poulets non vaccinés, suite au recours à des vaccins imparfaits. Le lien entre vaccination et développement de souches plus virulentes n’a toutefois pas pu être démontré par les chercheurs et reste controversé. 
Ce sur quoi @coronalive spécule, c’est le fait de transposer cette situation à la nôtre, ce qui est fort hasardeux. 
De plus son hypothèse entre en contradiction avec les données de la littérature scientifique actuelle.

Le Printemps du CARE a sollicité son Comité Scientifique Invisible (CSI) pour y voir plus clair, Le CSI est composé de docteur·e·s et de professeur·e·s, en médecine et biologie, clinicien·ne·s, chercheureuses. Ses membres souhaitent rester anonymes afin de ne pas tomber dans les travers du populisme scientifique qu’on a trop vu depuis bientot 2 ans (Raoult, Peronne, Fouché…). 
Voilà ce que nous pensons pouvoir dire en cette fin d’année 2021 :

Pour le CSI, @coronalive fait erreur quand il affirme qu’il ne faut pas vacciner massivement en période pandémique. 
Cette éventuelle « pression de sélection sur les virus » ne nous paraît pas transposable à la pandémie de Covid, quel que soit le variant concerné. Une pression de sélection serait un mécanisme induisant une sélection progressive de variants plus virulents du fait des traitements mis en place pour les ralentir, comme on peut le voir avec les antibiotiques. Or, les bactéries et les virus sont très différents : on ne peut pas transposer ce qui existe pour l’un à l’autre. 
De plus, le Covid est nettement moins mortel que le virus de l’étude et notre mode de vie est bien différent de celui des poulets en batterie.
L’émergence de variants est une capacité intrinsèque des virus et du vivant en général, cela s’appelle l’évolution darwinienne… Pour muter, le virus a besoin de se multiplier dans un hôte (nous). Chez les personnes vaccinées il ne se multiplie pas longtemps et donc n’a pas le temps de muter. C’est pourquoi les variants les plus contagieux (Alpha en Angleterre, Beta en Afrique du Sud, Gamma au Brésil, Omicron en Afrique du Sud/Botswana) ont émergé dans des pays avec un faible taux de vaccination. Plus un virus circule parmi la population, plus le risque de mutation (et donc le développement de nouveaux variants) est important.

Au contraire, la vaccination de masse offre une protection collective intéressante (mais pas suffisante) avec une troisième dose qui paraît même faire remonter la protection contre Omicron. Bien sûr c’est Pfizer et Moderna qui le disent, mais ces résultats devront être reproduits, et ils le sont déjà (Olivier Schwartz).

On s’est aussi posé la question de l’absence dans la pratique médicale courante du dosage d’anticorps pour déterminer qui doit être vacciné ou pas. Là aussi, le CSI nous a expliqué qu’on ne sait juste pas le faire pour le moment. Nous ne savons pas évaluer l’efficacité des anticorps, alors les compter ne sert pas à grand chose… Il n’existe pas non plus de marqueurs biologiques indiquant qui est à risque de faire une forme plus grave.
Ainsi, comment savoir quelles personnes devraient envisager de se vacciner ?
Nous pouvons quand même essayer de catégoriser un peu :
– Il y a celleux qui se considèrent à risque. L’âge semble être un facteur majeur, mais une personne plus jeune avec des comorbidités (comme le surpoids) pourrait avoir un risque similaire, n’oublions pas aussi la classe sociale : plus on est pauvre, plus on est à risque et moins on est vacciné… c’est injuste.
– Il y a celleux qui ne se croient pas à risque, à tort ou à raison. Mais le constat dans la pratique est qu’il y a des surprises, bonnes et mauvaises : les susceptibilités génétiques sont encore inconnues.
– Il y a celleux qui vivent avec des personnes à risque et souhaitent les protéger. 
– Et enfin celleux qui souhaitent prendre part à l’effort global contre la pandémie et pensent (nous le pensons fermement) que se vacciner en fait partie comme, avant toute autre chose, être attentif au taux de C02 pour apprendre à aérer, mais aussi mettre un masque, se tester ou limiter ses contacts, dès qu’on a des symptômes ou qu’on est cas contact. 
Bref, être autonome et responsable.
Car même si l’industrie pharmaceutique se gave, si les politiques mentent et les pauvres trinquent, ce sont d’autres questions à traiter : chaque chose en son temps.

Enfin, on s’est interrogé·e·s sur la vaccination des enfants. Faut-il vacciner tous les enfants ? Ceux « à risque » uniquement ?
Sachant que des enfants sans comorbidité sont actuellement hospitalisés, touchés par le Covid (80% des formes sévères sur une quarantaine d’enfants actuellement en réanimation en France).
Et les Covid longs (séquelles diverses et durables, également encore mal connues), ne justifient-ils pas la vaccination massive ? 
Que penser des troubles des règles rapportés par des femmes récemment vaccinées? Initialement ignorés,  désormais étudiés, ils questionnent mais le lien avec le vaccin n’est pas prouvé. S’agit-il d’un « signal faible » indiquant un effet secondaire insoupçonné? Ou simplement un effet banal similaire à ce qu’on observe avec l’infection par le Covid ? Une hypothèse attribue ces symptômes à une réaction (bénigne) du système immunitaire stimulé par le vaccin, signe rare rendu apparent par le caractère massif de la vaccination actuelle. Quelle que soit la réponse, qui sera connue un jour, il paraît légitime de se poser la question du rapport bénéfice – risque, à l’échelle individuelle cette fois, et de s’interroger sur le risque potentiel à long terme lié à la vaccination de jeunes, femmes en particulier, de moins 18 ans.

Dans un premier avis (rendu avant la détection d’Omicron), la HAS et l’Académie de Médecine ne recommandaient la vaccination des 5-11 ans qu’aux enfants à risque. Depuis, le Conseil Consultatif National d’Ethique (1) et la HAS (2) viennent de rendre des avis favorables à l’ouverture de la vaccination à tous les enfants, sans obligation.
Les membres du CSI et du Printemps du CARE ont fait tous et toutes des choix différents dans leur vie personnelle sur ce point. Cette diversité nous convient très bien. A chacune et chacun de prendre une position, d’en débattre éventuellement, et d’accepter surtout que dans cette situation tellement incertaine et angoissante, les un··e·s et les autres puissent changer d’avis.

Rappelons que la vaccination est une invention prodigieuse pour lutter contre les maladies et que la vaccination contre le Covid-19 est intensément étudiée, contrôlée, partout dans le monde. 

Vaccination et Omicron :

Ce nouveau variant est apparu en Afrique du Sud mi-novembre. Sa progression est fulgurante : il y est devenu majoritaire en une quinzaine de jours ; il le sera dans les jours qui viennent en France. Il s’avère considérablement plus contagieux (une étude indique qu’il se réplique 70 fois plus dans les voies aériennes (3), les données en provenance du Royaume-Uni établissent une contagiosité 6 à 8 fois supérieure à celle de Delta), il favorise les recontaminations et peut toucher les personnes doublement vaccinées. Si celles-ci développent uniquement des formes légères, ce n’est pas le cas des personnes non-vaccinées qui peuvent nécessiter des soins de réanimation. Dans tous les cas, l’arrivée de ce nouveau variant très contagieux entraîne un débordement du système hospitalier déjà terriblement éprouvé, ce qui pourrait conduire à faire plus de victimes (4). Comme en mars 2020, l’enjeu est à nouveau de diminuer la « hauteur de la vague ».

Pourquoi la double vaccination protège-t-elle peu du variant Omicron ? 
Indéniablement, la vaccination protège des formes graves (voir les statistiques d’hospitalisation (5)). Mais les vaccins actuels ne sont pas efficients à 100% et l’immunité diminue rapidement dans le temps. Les études montrent que la 3ème dose permet de faire remonter l’immunité rapidement et protégerait mieux contre la contamination par Omicron (en revanche la durée de cette protection n’est pour l’instant pas connue et il est envisageable qu’une nouvelle dose soit nécessaire à terme). 

Les mesures de prévention :

La vaccination est un outil de prévention très utile pour protéger la population et réduire la circulation du virus (et donc limiter l’apparition de variants plus contaminants pouvant échapper à la protection vaccinale). Mais elle ne suffit pas. 
Le virus est aérosolisé, c’est-à-dire qu’il se transmet par de minuscules gouttelettes qui peuvent se propager dans l’espace et rester en suspension. Pour se prémunir d’une contamination il est donc nécessaire de recourir aux masques et à l’aération.
Les masques chirurgicaux protègent l’entourage en retenant les aérosols des personnes qui les portent, les masques FFP2 protègent en plus celleux qui les portent en empêchant les aérosols de leur entourage de leur parvenir. Compte-tenu de la très forte contagiosité du variant Omicron, nous conseillons de porter désormais un FFP2 dans les zones à risques (en particulier dans les lieux clos avec forte densité de population comme les transports en commun, cinémas, concerts, etc.). Le port du masque étant une mesure de santé publique incontournable, il est urgent que tous les masques soient en accès libre.
L’aération est une autre mesure clé. Les capteurs de CO2 permettent d’identifier les moments où il devient nécessaire d’aérer pour rester sous un seuil de 800 ppm dans un lieu clos avec masques et 600 ppm dans un lieu clos sans masques. Il est urgent de protéger la population, notamment les scolaires mais aussi les professionnel·le·s, en investissant massivement dans des capteurs de CO2, purificateurs d’air ou systèmes de ventilation intensive avec filtres adéquats. Toutes les infos, dont un tuto pour fabriquer un capteur de CO2, sont à retrouver sur le site du collectif Nous aérons (6).
Enfin, les tests restent un outil de prévention important. Il est urgent qu’ils soient de nouveau en accès libre et non-payants. Compte-tenu du degré de sensibilité différent des tests et du temps d’incubation, un test négatif à un instant T ne signifie pas que l’on soit certain·e à 100% de ne pas être contaminé·e/contagieux·se. Les PCR sont les tests les plus fiables (la sensibilité des Tests AntiGéniques est évaluée à 60%, c’est-à-dire qu’ils sont capables de détecter 6 personnes infectées sur 10 (7)) et doivent être utilisés à visée diagnostique lorsqu’on a des symptômes et/ou est cas contact.  Au début de la pandémie on a beaucoup parlé de l’isolement comme mesure de précaution pour casser les chaînes de transmission. S’isoler, dès qu’on est cas contact et à fortiori symptomatique, pour limiter les risques de transmission, est la principale chose à faire.

A suivre très prochainement, notre lecture des décisions prises par Macron et son gouvernement face à cette situation pandémique…  


(1) https://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/ccne_-_vaccination_des_enfants_-_15.12.pdf
(2) https://www.has-sante.fr/jcms/p_3306504/fr/strategie-de-vaccination-contre-la-covid-19-place-du-vaccin-a-arnm-comirnaty-chez-les-5-11-ans
(3) https://www.med.hku.hk/en/news/press/20211215-omicron-sars-cov-2-infection
(4) https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/12/14/sars-cov-2-pourquoi-un-variant-plus-contagieux-mais-moins-mortel-fera-plus-de-victimes_6106035_4355770.html
(5) https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/communique-de-presse/le-rappel-vaccinal-reduit-fortement-le-risque-de-deces-lie-au-covid-19
(6) http://nousaerons.fr 
(7) https://www.lequotidiendumedecin.fr/specialites/infectiologie/lap-hp-disqualifie-les-tests-antigeniques-pour-le-diagnostic-de-covid-19-mais-les-juge-pertinents