🛢 Les contresens des subventions aux énergies fossiles 🛢
Les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) sont responsables de 90% des émissions de CO2. Paradoxalement, leur subventionnement a atteint des niveaux records en 2022.
En effet, les aides publiques pour relancer l’Ă©conomie après les confinements et aider les particuliers et les entreprises Ă faire face Ă la hausse des prix depuis la guerre en Ukraine se sont Ă©levĂ©es l’annĂ©e dernière Ă 7 000 milliards de dollars. Du jamais vu.
Ces subventions coĂ»tent l’équivalent de 7,1 % du produit intĂ©rieur brut mondial, c’est plus que les dĂ©penses publiques annuelles d’éducation (4,3 % du revenu mondial) et environ deux tiers des dĂ©penses publiques annuelles de santĂ© (10,9 %). (1)
Ces subventions rĂ©duisent artificiellement les coĂ»ts de production et d’exploitation. Ainsi, les subventions Ă la consommation (induisant pour les consommateurs des prix infĂ©rieurs Ă ceux du marchĂ©) et les subventions Ă la production (aides directes et incitations fiscales pour la production d’Ă©nergie) ont plus que doublĂ© en 2 ans, atteignant 1 300 milliards de dollars. (1)Â
Outre ces subventions dites explicites, le coĂ»t des dĂ©gâts environnementaux, plus de 5 000 milliards de dollars en 2022, n’a pas Ă©tĂ© rĂ©percutĂ© sur les prix Ă la consommation. Pour les entreprises productrices de combustibles fossiles, les coĂ»ts environnementaux impayĂ©s constitueraient une subvention annuelle de près de 600 milliards de dollars. (2) Ces subventions dites implicites constituent donc l’essentiel des subventions aux Ă©nergies fossiles.
Ces subventions, bien supérieures au financement public des énergies renouvelables, maintiennent une dépendance aux combustibles fossiles. Il est pourtant indispensable de sortir des énergies fossiles pour limiter les phénomènes météorologiques extrêmes dus au réchauffement climatique (inondations, incendies, extinction d’espèces et perte d’écosystèmes) et les impacts sur les populations (précarité alimentaire, naissances prématurées, pathologies cardiovasculaires et respiratoires, cancers, etc.). (3)
De plus, les subventions aux consommateurs ne constituent pas une mesure de justice sociale car elles s’avèrent inefficaces pour lutter contre la prĂ©caritĂ© Ă©nergĂ©tique et profitent largement aux mĂ©nages les plus aisĂ©s. (4)Â
Si les pouvoirs publics mettaient fin aux subventions explicites, le prix des combustibles augmenterait, ce qui inciterait les entreprises et les particuliers Ă tenir compte des coĂ»ts environnementaux et conduirait Ă d’autres choix en matière d’investissement et de consommation.
D’après les estimations du FMI, la suppression des subventions explicites et implicites prĂ©viendrait 1,6 million de dĂ©cès prĂ©maturĂ©s chaque annĂ©e, augmenterait les recettes publiques de 4 400 milliards de dollars, diminuerait les Ă©missions pour atteindre les objectifs de limitation du rĂ©chauffement mondial et permettrait une plus juste redistribution des revenus et d’orienter l’argent public vers la santĂ©, la protection sociale et l’Ă©ducation.
A l’heure oĂą tous les indicateurs sont dans le rouge, il est temps d’opĂ©rer une transition pour une plus grande justice climatique et sociale.
(1) https://www.imf.org/fr/Blogs/Articles/2023/08/24/fossil-fuel-subsidies-surged-to-record-7-trillion
(2) https://www.imf.org/fr/Blogs/Articles/2023/08/24/fossil-fuel-subsidies-surged-to-record-7-trillionhttps://www.pnas.org/doi/pdf/10.1073/pnas.2011969118
(3) https://www.hrw.org/fr/news/2021/06/08/questions-reponses-sur-les-subventions-aux-combustibles-fossiles
(4) https://www.imf.org/external/pubs/ft/wp/2010/wp10202.pdf