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Message à l’attention des « apolitiques »

Depuis quelque temps maintenant nous entendons de nombreux militants anti-pass justifier leur présence aux rassemblements de Florian Philippot par un soi-disant apolitisme revendiqué. Ils prétendent alors que la « liberté » de chacun·e devrait passer avant nos opinions politiques respectives. Nous pensons qu’il est nécessaire de leur rappeler pourquoi, selon nous, cette position n’est ni tenable ni entendable.

Se déclarer « apolitique » est déjà un acte politique en soi. Ce faisant vous revendiquez votre choix de vous placer à l’extérieur du politique, comme si cela ne vous concernait pas et que vous n’aviez pas d’avis à émettre sur les positions de celles et ceux auprès de qui vous défilez.

Seulement le monde politique ne se limite pas à la tripotée de politiciens avides de pouvoir qui nous dirigent ni aux partis auxquels ils appartiennent. Vouloir s’en dégager, c’est être apartisan.e. Or, la chose politique est présente dans chacune de nos interactions avec la société et manifester est un acte politique fort.

Peut-on réellement penser échapper à la politique quand, de surcroît, on le fait dans le même cortège que des individus qui se réclament ouvertement d’extrême-droite ?

En vous rendant à ces manifestations, malgré votre « apolitisme » de façade, vous cautionnez, de manière consciente ou non, la vision raciste, misogyne et réactionnaire de la société que cherchent à nous imposer les différents courants d’extrême-droite.

Le pass sanitaire est une aberration, une attaque à nos libertés les plus fondamentales. En cela, c’est un choix extrêmement politique ayant pour visée de sauvegarder le capitalisme en danger contre les libertés individuelles et collectives. Mais ce n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attendrait si le fascisme, porté plus ou moins en sourdine par l’extrême-droite actuelle qui ne souhaite pas du tout la mort du capitalisme, parvenait à s’emparer de nos institutions. Marcher à ses côtés, quand bien même cela serait pour protester contre le pass sanitaire, n’est pas une solution envisageable.

Hier soir à Paris, comme à Lyon la semaine dernière, une vingtaine de personnes se sont livrées à un lynchage de passant.e.s racisé.e.s. Ne vous y trompez pas, ces agresseurs ont d’abord défilé avec Philippot l’après-midi. Ces événements ne sont qu’une énième incarnation du véritable visage des organisateurs de ces rassemblements. Marcher avec le fascisme, que l’on adhère à ses idées ou non, c’est marcher vers/cautionner une société violente, autoritaire et profondément inégalitaire. Ce n’est en aucun cas marcher pour la liberté, en témoignent les agressions récurrentes dont sont victimes les journalistes qui couvrent ces rassemblements.

L’apolitisme est un danger. Il ferme les yeux sur le véritable visage de l’extrême-droite et vient indirectement grossir ses rangs, la banaliser, la cautionner. Sous couvert de « démocratie », c’est renforcer la visibilité d’une idéologie qui impose de restreindre par la violence les droits d’autres personnes et gommer la dimension systémique des questions sociales.