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Point sur la gestion politique

Le pass sanitaire a eu un impact notable pour forcer les indécis·es à se faire vacciner cet été, mais au prix d’une coercition qui n’a pas fini de faire des dégâts et qui a isolé encore plus une partie de la population, dont le déni parfois délirant trouve dans cette mesure autoritaire de quoi se nourrir. On reconnaît bien l’autoritarisme violent et désormais habituel de celui qui occupe encore la fonction de président.
Et dans cette logique de punition/récompense, le pass a été « vendu » comme un moyen de retour à la vie sans masques. C’était un mensonge, et il a dangereusement favorisé la diffusion du variant delta, mettant en danger la population et l’hôpital public.

Qu’aurait-il fallu faire ? 
Sans pass mais avec une communication claire depuis le début de la pandémie, afin de susciter une adhésion éclairée d’une grande partie de la population, les choses se seraient peut-être déroulées différemment.
Nous sommes passé·e·s d’un discours sur l’inutilité de porter le masque à la verbalisation pour non-port du masque, parfois dans un lieu totalement incongru, comme une forêt ou une plage : c’est dire le niveau subtil de communication du gouvernement…
L’aérosolisation du virus n’a pas été expliquée à la population, le gouvernement ne tenant pas compte des alertes et du travail mené par de nombreux professionnel·le·s et collectifs depuis l’été 2020. Les directives de prévention commencent seulement à arriver…
Le mythe de l’enfant non-contaminable et non-contaminant persiste dans le discours du gouvernement ( #BlanquerMent ) et, par conséquent, dans l’esprit d’une partie de la population. Cela conduit à majorer la circulation du virus et l’atteinte des enfants. Ne pas avancer les vacances de fin d’année alors que plus de 50.000 cas positifs sont détectés quotidiennement constitue une négligence et un défaut de protection supplémentaires. Pour Macron et son gouvernement, ce qui compte c’est de « sauver Noël » c’est-à-dire l’économie, tant pis pour la population et l’hôpital public…
Au début de la pandémie, on a beaucoup parlé de l’isolement comme mesure de précaution pour casser les chaînes de transmission. Or le gouvernement a cru qu’il pouvait décider par décret que le fait d’être vacciné·e suffisait à en être exempté·e. Le virus lui a rappelé que non : lorsqu’on est cas contact et à fortiori malade,  on doit pouvoir s’isoler, vacciné·e ou non, et dans de bonnes conditions (arrêt de travail facilité, prise en charge financière, logement).
Sur le plan mondial, la levée des brevets est une mesure éthique indispensable pour que les populations des pays du Sud puissent avoir accès aux vaccins et traitements. Cela permettra également de limiter la circulation globale du virus et l’émergence de variants plus contagieux. 

Aujourd’hui, 20% des lits sont fermés dans les hôpitaux, faute de soignant·e·s pour les faire tourner. Or, il y a 150 à 180 000 infirmier·e·s qui ne travaillent plus actuellement en France. 
Nous pensons que c’est ce système, qui n’est pas là pour faire des soins, mais pour faire des actes, rentables, qui a essoré leur éthique du care. Agir sans penser, matraquer les soignant·e·s jusque dans les hôpitaux, surveiller et punir quoi qu’il en coûte, telle est la doctrine de l’Etat. Il est urgent de revoir les organisations du travail en excluant toute logique financière et en favorisant la coopération et la prise d’autonomie des professionnel·le·s (comme cela s’est passé durant le premier confinement). 
Nous attendons un renversement de situation, où cette éthique de la sollicitude passerait une bonne fois pour toutes devant toute autre considération, économique en particulier.

En attendant ce jour, qui va venir c’est certain, nous exigeons l’abandon immédiat et sans condition du pass sanitaire. 
Il peut donner l’illusion d’être pleinement protégé·e·s alors que la vaccination seule ne suffit pas.
Il stigmatise et est privateur de liberté, banalisant le contrôle des citoyen·ne·s les un·e·s par les autres. 
Et il est le symbole d’une approche autoritaire injuste et inefficace. 
Il majore la défiance des personnes qui craignent la vaccination et risque d’avoir des conséquences à long terme sur la santé sur cette partie de la population. Le discours politico-médiatique s’est placé du côté de la morale au détriment de la cohérence sanitaire. Il divise profondément la société.
De même, il nous paraît impératif que le gouvernement rende à nouveau les tests accessibles, et que l’Éducation Nationale profite des vacances pour réfléchir à des systèmes d’aération performants pour protéger les enfants et enseignant·e·s de la sixième vague Omicron qui a déjà démarré.
Vouloir transformer le pass sanitaire en pass vaccinal et l’étendre à tous les emplois n’est qu’une course en avant libérale. Quel coût social aurait une nouvelle augmentation de la taille de la matraque sur une société déjà tellement clivée ?

Nous sommes toutes et tous épuisé·e·s par ces 2 années de pandémie, nous aimerions un peu de calme au lieu de cette agitation pré-électorale tellement vaine. Nous aimerions ne pas assister à ces pitreries pathétiques.
Nous souhaiterions plutôt mettre en avant les gens qui travaillent, collectivement, partout, pour avancer dans la complexité de cette situation inédite. 

Nous ne savons pas combien de temps durera cette pandémie, peut-être encore quelques années. 
Ce n’est peut-être pas seulement une mauvaise nouvelle. 
C’est peut-être aussi le temps qu’il va nous falloir pour vraiment changer le monde.

Le Printemps du CARE