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Un autre discours sur les personnes sans papiers 🔥

On entend beaucoup dire dans les médias, lieu de fabrique de l’opinion faut-il le rappeler, que les personnes sans papiers voleraient le travail des Français, qu’ils viendraient nous chiper nos allocations.

Nous ne sommes pas volés par notre voisin mais par des bourgeois très fortunés.

Pour mĂ©moire, et ça n’est qu’un exemple, les avoirs cachĂ©s dans les paradis fiscaux Ă©taient Ă©valuĂ©s en 2022 Ă  8 700 milliards de dollars, soit un siècle d’impĂ´t sur le revenu pour les  Français, d’après l’ancien juge Renaud Van Ruymbeke. Le manque de travail, le chĂ´mage sont produits par le capitalisme qui s’en nourrit, ils ne sont pas le fait de personnes prĂŞtes Ă  accepter tout travail. 

Loin des clichĂ©s de profiteurs que l’on veut bien nous vendre …

Les personnes sans papiers ont souvent un parcours de vie Ă©maillĂ© de violences. La première celle d’avoir dĂ» quitter les siens, puis celles qu’ils ont pu subir lors de leur parcours, car beaucoup ne partent pas de chez eux un billet d’avion en poche.  Puis celles qui les accueillent ici.  Car il leur faut trouver un toit stable, accepter de vivre Ă  5 personnes dans un dix mètres carrĂ©s ou d’ ĂŞtre hĂ©bergĂ©s de longs mois sur un canapĂ© dont ils ne peuvent bĂ©nĂ©ficier que de 22h Ă  7h du matin, accepter tout ce qui est proposĂ© pour gagner de l’argent quitte Ă  prendre le risque de ne pas recevoir la somme promise quand il n’y a pas d’emploi stable. Puis il leur faut se battre pour obtenir le droit de rester sur le sol Français sans craindre la police. 

Ils occupent les emplois les plus mal payĂ©s, les postes les plus dangereux, se lèvent Ă  4h du matin pour aller nettoyer Ă  l’autre bout de la ville nos bureaux pendant que nous dormons. Leur nombre est estimĂ© Ă  700 000  personnes et ils sont sĂ»rement plus, comme nous tous ils participent Ă  la vie Ă©conomique. Et ne mĂ©ritent nullement notre mĂ©pris. 

Nous vous recommandons ce film écrit et réalisé par Julia Pascual, Camille Millerand et Emile Costard, avec Makan Baradji :

Affiche du documentaire "Premier de corvée". 
On voit un homme noir (Makan, personnage central du film) dans un vestiaire, il porte un uniforme noir et un tablier violet qu'il est en train de nouer.

« Premier de corvée

MalgrĂ© deux emplois dans la restauration et la livraison, la vie hors des radars d’un travailleur clandestin malien. Un documentaire qui raconte par l’exemple les luttes des sans-papiers en France, estimĂ©s Ă  près de 700 000, pour de meilleures conditions d’existence.

Depuis son arrivĂ©e en France en 2018, Makan cumule deux boulots : plongeur dans une brasserie chic près des Champs-ÉlysĂ©es et livreur Ă  vĂ©lo. 

Solitaire et sacrifiĂ©e, la vie de ce Malien de 35 ans est tout entière dĂ©diĂ©e au travail, qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille restĂ©e au pays, une femme et des enfants qu’il n’a pas vus depuis bientĂ´t quatre ans. « On n’est pas venu ici pour prendre des photos de la tour Eiffel. On est venu ici pour bosser. Ta famille est dans la merde, toi aussi t’es dans la merde », confie-t-il. Comme des centaines de milliers d’autres personnes en France, cantonnĂ©es aux marges de la sociĂ©tĂ© alors qu’ils font tourner des pans entiers de l’Ă©conomie, Makan est sans-papiers. Il espère sortir de la clandestinitĂ© et, en attendant, « reste dans [son] coin », effectuant avec courage ces mĂ©tiers ingrats que seule une main-d’oeuvre prĂ©caire accepte dĂ©sormais. « Si les immigrĂ©s ne se prĂ©sentaient pas, je ne sais pas qui prendrait leur place », reconnaĂ®t sans ciller sa cheffe de cuisine. En attendant, Makan se demande pourquoi sa vie reste si difficile en France, « le pays des droits »…

Existences invisibles

Entre spleen et courage, le documentaire suit le quotidien d’un travailleur sans-papiers dans sa quĂŞte de rĂ©gularisation, prĂ©cieux sĂ©same qui lui permettrait de se rendre dans son pays natal pour revoir ses proches qui subsistent grâce Ă  son sacrifice. AidĂ© notamment par des militants syndicaux de la CGT, Makan, qui tente de sortir de l’ornière administrative oĂą il s’est enlisĂ©, a rejoint la lutte de ceux qui se mettent en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail. Mettant en lumière ces « premiers de corvĂ©es » condamnĂ©s Ă  mener des existences invisibles (ils seraient près de 700 000 en France), ce film rĂ©vèle sans misĂ©rabilisme le vĂ©cu intime de l’exil, de la clandestinitĂ© et de l’abnĂ©gation. »

A voir sur Arte 

#LiberteEgalitePapiers