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Épisode 2 : Quelques solutions 

Stocker collé sur un poteau : un manifestant avec lunettes de ski tient une raquette avec laquelle il s'apprête à renvoyer une lacrymo. Légende : "Just do it", "Camille, urban tennis player."

Le constat étant dressé (voir épisode 1), se pose ensuite la question de l’action. Que faire ? Que faire face à un pouvoir politique et économique prêt à tout pour arriver à ses fins ?

Puisqu’il ne faut donc plus douter des aspirations de l’État, il semble important de noter que les seules réponses à apporter devront être dans tous les cas collectives et radicales. Radicales au sens premier du terme, c’est-à-dire construites sur une analyse en profondeur des causes de nos problèmes.

      a) Démissionner

La situation étant catastrophique, nous l’avons vu, un certain nombre de soignant.e.s décident de quitter le navire. Rien qu’entre mars et septembre 2020, soit en six mois, 27 000 infirmier.e.s ont quitté l’hôpital public.

Cela peut sans doute s’interpréter comme un mécanisme de protection : « partir avant qu’il ne soit trop tard pour ma propre personne », partir avant le burn-out, partir avant le suicide.

D’un point de vue individuel, cela se comprend parfaitement.

D’un point de vu global par contre, d’autres causes sont à mettre en avant : les soignant.e.s, avant de s’investir dans leur travail par l’abord politique des choses, s’y investissent d’abord par vocation et altruisme. Ainsi, en cas de stress, la réponse la plus couramment apportée est celle d’une majoration de l’investissement personnel dans le « bien faire son travail ». C’est un monde de labeur et de dévouement. 

Il est rare qu’à une situation d’injustice dans son travail, un.e soignant.e réponde par une analyse approfondie des causes politico-économiques qui sous-tendent cette injustice. Ou si analyse il y a, elle n’est souvent pas suivie d’effets. L’apprentissage même du métier passe par la soumission à un ordre hiérarchique, par une dévotion permanente au bien-être des patient.e.s. 

De ce fait, quand les conditions de travail sont tellement dégradées, quand l’investissement n’est même plus reconnu et ne suffit plus à ce que le travail soit bien fait, alors les conditions sont réunies pour qu’une telle vague de départs se produise. Dit autrement, l’expérience actuelle tend à montrer qu’une solution à cet état de fait puisse être la démission.

Cette démission pose cependant d’emblée la question de la viabilité future du soin. En effet, il semble exister au moins une différence fondamentale à l’application d’un management agressif entre secteur entrepreneurial et secteur public : la personne professionnelle s’impliquant dans le soin, comme ça peut aussi l’être dans les secteurs de l’éducation ou de la justice, s’investit avant tout dans ce métier par dévouement et altruisme, comme évoqué plus haut. Ainsi, au lieu d’assister à une liquidation du secteur menée de façon verticale par le haut de la pyramide hiérarchique, comme ça peut surtout l’être dans le secteur privé (par les licenciements, par l’absence de remplacements de départs, etc.), nous assistons ici à une liquidation des services publics par le bas. Ce sont celles et ceux principalement concerné.e.s qui actuellement rangent leur blouse, avant même que leur direction ne le leur dise. L’hôpital est en train de devenir un France Telecom géant.

Ainsi la question de la viabilité de ces structures va très vite se poser. D’autant plus que le modèle libéral français semble relativement éloigné du modèle libéral anglo-saxon. La gestion française de la chose semble en effet plus « verrouillée » que de l’autre côté de la Manche ou de l’Atlantique. Pour le dire autrement, un certain « entêtement » dans cette politique mortifère semble avoir lieu chez nous. Au lieu de décider que la barre se doit d’être redressée, les suppressions de lits d’hospitalisation se poursuivent.  Résultat, le nombre de lits supprimés a déjà commencé à s’accroître plus que ce qui avait été programmé. C’est-à-dire que cette fois-ci un certain nombre de lits sont fermés non pas par décision des ARS, mais par obligation du fait de l’absence de personnel pour faire tourner les services.

     b) Construire une culture politique

Cependant, tout le monde ne va pas démissionner. Il va donc falloir faire avec celles et ceux qui restent et celles et ceux qui arrivent dans cet univers après leurs études. Comment donc faire ? Quelle stratégie adopter ?

La stratégie doit dépendre des objectifs visés. Que voulons-nous défendre dans nos métiers ? Voulons-nous sauver ce qui tient encore debout ? Voulons-nous reconstruire en plus ce qui a été défait ? Voulons-nous aller encore plus loin et porter des revendications novatrices au regard de la place centrale que va occuper la santé dans les défis sociaux et écologiques de demain ?

La stratégie doit également dépendre des forces en présence. Que pouvons-nous avec les armes qui s’offrent à nous ? 

L’idée, dans toute lutte, est clairement d’établir un rapport de force. Rapport de force inhérent au monde du travail capitaliste. Même dans un service public. Surtout dans un service public de ce début de 21e siècle.

Il est important de tout de suite noter qu’il n’existe pas de culture politique de masse dans le milieu du soin. Il n’y a pas d’entraide collective. Or toute lutte ne peut être que collective.

Ainsi, il semble que la première des étapes pour construire un rapport de force soit probablement d’essayer d’éduquer les esprits à l’existence de ce rapport. Il n’y a que par la sensibilisation répétée, par l’éducation des personnes principalement concernées aux problématiques socio-économiques nationales et supra nationales, que peut se développer une culture forte de la lutte. 

Il s’agit ici probablement du travail le plus important à mener, sur le long terme. Le travail de fond. C’est aussi sans doute le travail le plus difficile, car il se confronte très vite à la question du temps à disposition pour le mener. 

Un des leviers potentiels pour qu’il soit réalisé plus rapidement consiste sans doute à la mise en place d’une intégration la plus horizontale possible entre membres d’un collectif/syndicat/groupe de réflexion. La structuration verticale dans ce cas précis, de celles et ceux qui savent vers ceux et celles qui ne savent pas encore, empêche en partie ici les protagonistes de se saisir eux et elles-mêmes des questions qui les concernent.

Ainsi, la création de structures collectives est impérative dans un premier temps. Que ce soit via un syndicat, un groupe de réflexion, un collectif ou autre.

Il faut développer un esprit de classe. Il faut casser les fausses consciences d’elles-mêmes, faire prendre conscience de la souffrance collective, permettre l’expression des colères multiples entre personnes concernées. C’est l’une des premières étapes de la politisation.

Il est donc évident qu’une structuration collective constitue la base de notre capacité à s’opposer à la marche en avant de l’État pour écraser ce qu’il reste de public à l’hôpital.

     c) Se protéger

Après la phase d’éveil, il faut comprendre qu’une protection maximale va devoir être nécessaire. L’isolement, là non plus, n’a que peu sa place. La lutte est un combat. Et la rhétorique guerrière de ce terme est utilisée à dessein. Les rapports de force dans le monde du travail ou dans la rue avec la police sont souvent en notre défaveur. D’où l’utilité d’une protection maximale, dans plusieurs domaines.

Il peut ici sembler judicieux pour se protéger d’utiliser avant tout ce qui existe déjà. A savoir en premier lieu les organes de protection du personnel : les syndicats. Ils disposent de leurs structures juridiques, ont des relais dans différentes branches de la société pour permettre des ancrages concrets à la lutte.

Un de ces ancrages est celui de la protection vis-à-vis du rouleau compresseur de la justice. En effet, s’inscrire dans la lutte nécessite de protéger ses arrières d’un point de vue juridique. Car, de manière presque certaine, cette question de la confrontation à la justice se posera à un moment ou à un autre. Toute lutte subit, quelle que soit l’intensité de ses actions, des formes de répression. Que cela concerne le droit du travail dans le cadre de l’activité professionnelle, ou le droit pénal dans le cadre de manifestations ou d’autres luttes de terrain. Pour cela, les syndicats possèdent en général un réseau solide. Si des collectifs sont créés de novo, il est là aussi essentiel qu’ils fondent une sous-branche s’occupant de ce point.

L’aspect juridique doit être anticipé au maximum, qui plus est avec des avocat.e.s en qui l’on peut avoir confiance et déjà rodé.e.s à ce genre d’exercice.

Un autre point de protection de plus en plus important est celui de la protection numérique. Il faut aussi avoir conscience que du fait des moyens de surveillance mis en place par l’État, la communication informatique doit être au moins un peu sécurisée. Ainsi, une connexion internet assistée par l’installation d’un VPN (réseau virtuel privé) semble être une base à adopter. De même, se créer une seconde adresse mail sur messagerie sécurisée (via protonmail ou riseup par exemple) semble aussi nécessaire. Enfin des moyens de communication en instantané comme Signal ou Telegram sont aussi intéressants.

Enfin la protection lors des mobilisations de rue est également une condition de plus en plus importante à mettre en place en France, au vu des dérives violentes de l’État. Protection d’abord visuelle, afin d’éviter d’être identifié.e lors de certaines actions (vêtements sans signes distinctifs, masque sur le visage, absence de téléphone portable, etc.). Protection ensuite sanitaire, avec quelques éléments de soin primaire (sérum physiologique, compresses, etc.) à avoir sur soi en cas d’utilisation d’armes répressives telles que les lacrymogènes par la police. Enfin protection juridique, en indiquant le numéro de téléphone portable d’un.e avocat.e  sur son avant-bras, au cas où une garde à vue aurait lieu.

     d) Se rendre visible

Un autre ancrage permis par l’usage du collectif est celui de la médiatisation. Là aussi, les syndicats peuvent être d’une grande aide. A noter que dans ce cadre, les syndicats ayant l’habitude d’être les plus revendicatifs sont à privilégier. Toutes les unions locales des différents syndicats ne se valent pas. Un examen approfondi de ces notions est aussi nécessaire. A titre d’exemple, même s’il existe des variations en fonction des zones géographiques, la CGT est souvent plus efficace que la CFDT, qui peut parfois avoir tendance à enterrer certaines mobilisations par son inaction ou bien par les compromis trop laxistes qu’elle signe.

Dans tous les cas, faire connaître sa lutte constitue un enjeu vital dans la balance du rapport de force avec le capital : toute lutte invisible est vouée à l’échec. 

Mener des actions en justice et les médiatiser peut également être un levier. Elles pourraient permettre de faire reconnaître les irrégularités, les défaillances de l’organisation des soins et les mises en danger des malades et professionnel.le.s qu’elles entraînent.
Ces actions pourraient éventuellement être portées par plusieurs afin de donner du poids à ces démarches, de faciliter le paiement des honoraires d’avocats et de redonner goût au collectif.

La visibilisation d’une lutte peut passer par de nombreux moyens de communication. Il est à noter que tous ces moyens doivent être utilisés, afin de toucher un public le plus large possible : télévision, presse écrite, internet (blogs, sites internet dédiés, réseaux sociaux, pétitions, etc.), affichage de rue, etc.

Se mobiliser dans la rue constitue historiquement un moyen privilégié de visibilisation des luttes. 

Les manifestations sont l’un des moyens les plus populaires pour cela. Elles peuvent avoir plusieurs formes. Mais globalement, deux grandes formes de manifestation semblent se dessiner.

La première est celle de la manifestation de masse. Le but est d’atteindre le nombre le plus élevé de participant.e.s. Il s’agit, à peu de choses près, du seul but recherché par les manifestations de soignant.e.s au cours des dernières décennies. Si cet objectif demeure d’actualité, il ne peut se suffire à lui-même. L’analyse de l’historique des conflits sociaux de ces dernières années dans le monde occidental semble montrer une baisse de l’efficacité de cette méthode dans sa capacité à faire modifier la politique du pouvoir.

Ainsi, il semble nécessaire d’envisager aussi, et cela même chez les soignant.e.s, la seconde forme de manifestation, à savoir l’émeute. En effet, cette forme de manifestation, plus « sauvage », permet une visibilisation plus grande des luttes. Envisager cette forme concernant les soignant.e.s peut sans doute choquer au premier abord. Seulement, il faut bien que chacun et chacune comprenne que seule la radicalité de la lutte, au moment présent, pourra peser dans la balance. Car il s’agit d’un rapport de force. Il ne s’agit presque exclusivement que de ça.

L’État est arrivé à un tel stade dans sa volonté de destruction des services publics qu’il nous est indispensable de réagir. Ainsi la rue, et sa réappropriation par la forme émeutière de la manifestation, peut être un moyen de rééquilibrer la balance. 

Il suffit de s’être rendu.e en manifestation dans une grande ville au cours des cinq dernières années pour se rendre compte que la rue ne nous appartient même plus lors de ces moments. L’État se joue de nous, cadenasse nos trajets, nasse les places et tape dans le tas quand il en a envie, comme lors des manifestations contre la réforme des retraites de 2019. De même, il est temps de se rendre compte que la forme syndicale de la manifestation peut aussi être un danger en soi. La répression vis-à-vis de Farida, infirmière, en juin 2020 à Paris, est aussi là pour le rappeler.

Ainsi, il ne nous reste que peu de possibilités si nous voulons que nos manifestations puissent peser davantage dans ce rapport de force. Nous ne possédons pas de moyens permettant de bloquer la rue. Nous ne sommes ni agriculteur.ice.s, ni routier.e.s. 

L’émeute, dans toutes ses dimensions, peut devenir une forme particulière d’action. Nos esprits aussi doivent envisager la mobilisation de cette manière. Bien évidemment, cette forme nécessite une adhésion plus forte que la simple manifestation, une prise de risque aussi supplémentaire. Encore que, si des moyens de protection efficaces sont mis en œuvre, il est possible de s’en sortir parfois avec une répression moindre que lors de certaines manifestations dites syndicales.

Un autre point fondamental est à aborder lorsqu’il s’agit de s’engager dans une lutte sociale : l’absence de jugements entre personnes impliquées dans cette lutte est primordiale, vis-à-vis des autres formes que peuvent prendre cette lutte. Chacun.e s’engage en fonction de ses moyens.

En effet, il est capital de noter qu’une quelconque hiérarchisation morale entre telle ou telle forme d’action n’a pas sa place ici. Tout simplement parce que chaque manière de lutter est nécessaire et parce que toutes ces manières de lutter sont complémentaires entre elles. La manifestation pacifique a son utilité, tout comme l’émeute. Et il peut être bon de savoir naviguer entre ces différentes formes, en fonction du contexte notamment. Pour reprendre les mots de la novlangue capitaliste, il est bon d’être « agile » dans nos manières de procéder.

Un autre moyen important dans la visibilisation de la lutte concerne son ancrage dans la sphère culturelle. Pour ancrer un mouvement, une énergie, dans le temps long, le recours à cette sphère est fondamental. Il faut entériner ces moments. Il faut faire vivre la révolte.

Là aussi, de nombreux moyens s’offrent à nous : films, chansons, théâtre, radio, livres, etc.

Il ne faut pas hésiter à s’en saisir, à créer des liens avec d’autres collectifs ayant ces caractéristiques, avec des compagnies artistiques, avec des peintres, des chanteur.euses, des journalistes, des sociologues, etc. La lutte ne survit, une fois que tout est fini, bien souvent que par ces traces fragmentaires. Ces traces qui seront aussi, en plus de la transmission orale des protagonistes de l’histoire, un moyen de poursuivre la lutte, de la faire perdurer, de conserver des acquis, de garder de la vie. La transmission passe d’abord et avant tout par la culture.

De même, visibiliser sa lutte, éventuellement en passant par la culture, doit aussi permettre à celles et ceux qui n’y ont pas un pied de pouvoir s’y investir. Il semble à peu près acquis qu’il est urgent de décloisonner les luttes. Les contestations doivent pouvoir toucher tous les autres pans de la société.  Ainsi, la lutte pour le secteur de la santé doit pouvoir toucher la société civile. Le reste de la société doit s’impliquer, autrement que par des applaudissements, dans cette bataille vitale pour la survie de toutes et tous. Il en va de la réussite de cette mobilisation.

     e) Pour pousser la lutte un cran plus loin

D’autres actions encore sont bien évidemment possibles. Ces dernières posent encore plus en avant la notion du rapport de force.

Finalement, en tant que soignant.e.s, qu’avons-nous comme réel levier pour faire plier le pouvoir, incarné ici par un État défendant bec et ongles les intérêts privés qui lui ont accordé cette position dominante ?

A bien y regarder, ces leviers semblent s’incarner finalement sur nos lieux de travail. En effet, la pandémie de COVID-19 a mis en relief notre rôle fondamental dans la société. Nous n’avons pas de camions pour bloquer les flux, mais nous avons un pouvoir certain de par notre activité. Nous soignons.

Nous pouvons ici faire notre autocritique, nécessaire, voire peut-être salutaire. Cette autocritique qui amène à penser qu’en tant que soignant.e.s, nous constituons un rouage essentiel du capital. En effet, tant que la population active de ce pays n’est pas encore complètement remplacée par des machines, elle se doit de pouvoir travailler et donc pour cela d’être en bonne santé. Ainsi, nous, soignant.e.s, sommes une pierre angulaire du système productiviste et donc capitaliste. Nous permettons, par nos métiers, la perpétuation et la reproduction du capital. Et par là même, au vu de l’idéologie néolibérale actuelle, nous sommes les moteurs de notre propre asservissement.

Une fois ce constat fait et, encore une fois, au vu des enjeux qui s’offrent à nous, la question de la poursuite du soin semble inévitable à poser : qu’avons-nous de plus fort à opposer dans le rapport de force ? Rien.

Bien sûr, le refus de soins aux patient.e.s va totalement à l’encontre de notre culture de soignant.e.s.

Bien sûr, l’État s’est déjà en partie prémuni contre cette arme, en instaurant la réquisition.

Mais concrètement, que nous reste-t-il comme solution aussi radicale, si nous nous refusons à démissionner, et si nous décidons d’être vraiment honnêtes avec nous-mêmes ?

Cette question, aussi radicale soit-elle, se doit absolument d’être posée. Collectivement.

Elle se doit aussi d’être préparée, comme toute mobilisation radicale et/ou amenée à durer. Elle ne s’improvise pas.

Car poser le refus de soins, c’est reprendre le pouvoir sur les décisions. Les réquisitions existent, mais l’État ne peut mettre un policier derrière chaque soignant.e, nous sommes en surnombre. L’État peut bloquer les rémunérations salariales, il aura fallu anticiper avec la création de caisses de grève, de liens avec les agriculteur.ice.s et les autres professions, etc. L’État peut incarcérer certain.e.s d’entre nous à titre d’exemple, il faudra tenir pour ne pas être effrayé.e.s, de toute façon les prisons débordent déjà. L’État peut juger les protagonistes, il aura fallu mettre dès le départ des avocat.e.s sur l’affaire.

C’est pour cela que la question de la création d’une base solide au préalable est indispensable. Pour ancrer une volonté sans faille, pour tisser des liens utiles avec d’autres corps de métier quand les temps sont durs.

A bien y regarder, des tentatives de sabotage financier ont déjà eu lieu ces dernières années. Le refus de cotation des actes a été tenté dans certains services hospitaliers. Les directions ont trouvé la parade en allant coter les actes directement dans les services à la place des médecins. Mais cette démarche a échoué uniquement parce qu’un nombre trop restreint de services s’y est mis. Si le mouvement avait été plus massif, les directions auraient dû plier. 

Ainsi, certaines idées radicales d’action ont déjà commencé à émerger. Elles sont encore timides, mais ce sont des prémices intéressantes. Il va maintenant falloir les coordonner et les diffuser.

En parlant de sabotage, certaines idées peuvent être aussi avancées. S’il semble illusoire de détruire notre propre outil de travail (encore que), tout n’est par contre pas utile au soin dans nos hôpitaux. Ainsi, plusieurs idées d’action peuvent aussi être proposées. De nombreux hôpitaux proposent par exemple depuis quelques années des stationnements payants pour les familles et/ou les patient.e.s. Détruire les portiques servant au paiement peut ainsi être une première idée. De même, les halls de certains hôpitaux publics commencent aussi à se parer de boutiques dans lesquelles les assurances et autres entreprises privées ont pignon sur rue. Détruire ces boutiques peut être un autre moyen de résistance. Il semble aussi que les bureaux des hautes administrations hospitalières, ou bien les locaux des ARS, puissent être une cible privilégiée de la désobéissance civile.

Bref, de nombreuses actions de sabotage peuvent être mises en œuvre. Les notions de protection préalable et de coordination sont là encore très importantes.

Pour le dernier épisode, nous tenterons de penser des horizons désirables.