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Épisode 3 : Créer des horizons désirables

Le réchauffement climatique est le symptôme, la maladie c'est le capitalisme.

Nous avons dressé le constat des décennies de destruction du secteur de la santé (épisode 1) puis proposé quelques solutions (épisode 2). Mais quand on voit qu’actuellement une ambiance pesante, pour ne pas dire dépressive, règne dans le milieu du soin et dans la société plus largement, on se dit qu’il est urgent de poser les bases d’un horizon désirable.

Et quoi de mieux que l’horizon ambitieux du « tout public » dans la question de la santé ?
En effet, ce qui lie a priori l’ensemble des acteurs du soin dans leur engagement vers ces métiers, c’est la possibilité de pouvoir soigner tout un.e chacun.e sans distinction. De pouvoir faire son métier dignement, avec fierté, avec des moyens égaux pour tous et toutes.

Aussi nous proposons :

 • La nationalisation des cliniques privées qui seraient intégrées dans l’ensemble public,

 • La suppression de l’idéologie de la concurrence, à la fois néfaste dans le soin, mais aussi dans toutes les autres sphères de nos sociétés, 

 • L’organisation d’une vigilance quant aux  rapports de domination, omniprésents dans nos métiers, qu’il faut commencer par combattre avec des salaires identiques dans toutes les spécialités médicales, et plus largement pour tou.te.s les professionnel.le.s qui travaillent dans les lieux de soins : les métiers techniques, administratifs, sociaux, etc.

 • Une mutualisation des moyens techniques entre hôpitaux, 

 • Une meilleure intégration de la médecine de ville dans les projets, 

 • La nationalisation des firmes pharmaceutiques, etc. 

De plus, les crises actuelles nous renvoient toutes vers un horizon commun : celui de la préservation de nos conditions de vie sur Terre. L’analyse écologiste doit être celle chapeautant toutes les autres. 

Ainsi, tout comme il existe un courant de pensée appelé « écoféminisme », il semble désormais évident que la question de la santé doit se poser également en ces termes. Il est urgent de créer une vision « écosanitariste », qui ferait le lien entre la préservation de la santé humaine, d’un point de vue collectif et égalitaire, et la préservation de nos écosystèmes.

La notion du « tout public » y aurait alors toute sa place. La santé serait aussi pensée comme un tout et non pas comme une sphère à part, comme un énième silo à côté de l’agriculture, de la justice, … Comme soigner est politique, développer une logique de santé globale conduirait à y intégrer la notion d’une alimentation saine pour soi et pour nos écosystèmes, d’une justice sociale du soin, d’une protection accrue vis-à-vis des catastrophes programmées par le réchauffement climatique, etc.

Il existe tout à créer dans ces nouveaux défis qui nous attendent. Ce chantier de la valorisation de la santé comme un tout, parfaitement intégrée dans son écosystème, se doit d’être collectif, décloisonné et passionné.

Conclusion

Comme vous l’aurez compris, les temps sont suffisamment sombres pour qu’une mise en action s’impose. Nos métiers sont directement concernés par la destruction voulue par l’État. Et avec eux, c’est toute la santé d’une société qui est mise en jeu.

Ainsi, la radicalisation de nos luttes semble une nécessité. Au vu des échecs passés, il va falloir beaucoup plus se structurer, créer des moyens d’actions collectifs, savoir se protéger pour parer la répression qui viendra, anticiper les besoins de nos actions futures. Il va falloir du temps, du courage et beaucoup d’abnégation. Dans cette lutte, la notion de la poursuite ou non du soin, collectivement, comme levier d’action, et la création de nouveaux horizons désirables pour la société égalitaire qui seule nous sauvera du naufrage annoncé, semblent constituer des points clés. Préparons-nous !